Parmi la pléiade de compositeurs méconnus, le Norvégien Eivind Groven
(1901-1977) séduit d’emblée par son imagination mélodique qui semble
couler de source, nous emportant dans le flot mouvant de son inspiration
sibélienne, rappelant aussi les ballets contemporains de Copland par
son sens de la clarté et de l’épure néoclassiques. Il faudra ainsi
découvrir en priorité la superbe Première Symphonie «Vers les montagnes»
(1937, révisée en 1950), où Groven fait valoir ses talents de coloriste
en un ton vivant et joyeux, rappelant qu’il fut l’un des collecteurs de
mélodies populaires les plus investis en son pays.
Issu d’une famille de musiciens, Groven pratiqua le violon Hardanger pendant toute son enfance avec ses parents, lors des fêtes populaires, avant de prendre des leçons de composition sur le tard, au Conservatoire d’Oslo en 1925. Ses origines «campagnardes», autant que son profil en grande partie autodidacte, font de lui l’un des musiciens norvégiens les plus doués de sa génération.
Plus sombre, la Seconde Symphonie «L’Heure de minuit» (1943)
semble toutefois moins aboutie que l’essai précédent, même si on
retrouve les effets de transparence et de grâce admirablement mis en
valeur par la direction allégée et piquante de Peter Szilvay, à la tête
de l’Orchestre symphonique de Kristiansand (cinquième ville de Norvège,
sur la côte sud). On préfère grandement ce geste subtil aux effets de
masse un peu lourds privilégiés par les deux versions concurrentes
existantes (Simax, 1993, et Chandos, 2007). La seule
déception de ce très beau disque vient de sa durée relativement modeste,
qui aurait pu être opportunément augmentée de la suite Fjelltonar (1938): celle-ci comporte en effet les passages folkloriques retirés de la Première Symphonie à l’occasion de la révision de 1951.
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