Voilà une bien belle idée que de s’intéresser au répertoire de l’octuor,
souvent investi par la réunion de deux ensembles de quatuor, et non pas
un ensemble dédié comme ici avec les Oberton. Formé en 2015 à Graz par
de jeunes musiciens âgés de 23 à 27 ans, cet ensemble surprend dès son
premier disque par le choix d’un programme ambitieux. Les Deux pièces
(1925) de Chostakovitch mettent ainsi en avant toute la force de
caractère et l’esprit caustique de l’apprenti compositeur alors étudiant
au Conservatoire, un an seulement avant la création de sa Première Symphonie.
Là où la version plus ancienne (1964) des quatuors Borodine et
Prokofiev jouait davantage la carte des individualités exacerbées, celle
des Oberton affiche une belle homogénéité, et ce malgré quelques
flottements par endroit, notamment au niveau des violoncelles. Les
mouvements enflammés se montrent ainsi les plus aboutis du disque.
On retrouve une concentration au service de la narration dans le Double Quatuor (1872) de Nicolas Afanassiev (1821-1898), dont le dernier mouvement apparaît le plus réussi au niveau mélodique. Considéré comme l’un des pères de la musique de chambre en Russie, ce violoniste virtuose, tout à la fois pianiste et chef d’orchestre, reste peu connu en dehors de son pays. Avec un style proche du classicisme lumineux de Mendelssohn, Afanassiev a bénéficié de ses tournées dans toute la Russie, insérant plusieurs musiques populaires dans ses ouvrages, dont le Quatuor «Volga» (1860). En cela, il ne doit pas être confondu avec son contemporain Alexander Afanassiev (1826-1871), auteur de contes folkloriques qui ont inspiré Rimski-Korsakov, Prokofiev ou Stravinski.
Avec l’Octuor (1900) de Reinhold Glière (1874-1956), on a le retour à un ouvrage de jeunesse qui reste classique de facture, bien loin de la spectaculaire Troisième Symphonie (1912). Le langage lyrique, à la clarté toute brahmsienne, est bien rendu par les Oberton, toujours meilleurs dans le tranchant et les verticalités (superbe finale, sommet du disque), contrairement aux passages apaisés, où l’effort technique est plus audible. C’est en ce dernier domaine que la jeune formation a encore à travailler pour nous convaincre pleinement.
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