lundi 12 octobre 2020

« Oh la belle vie ! » par le groupe vocal a capella Cinq de coeur - L'Alhambra - 09/10/2020

Déjà le huitième spectacle pour le groupe vocal a capella Cinq de Cœur, dont la formation en 1992 avait d’emblée rencontré le succès avec ce mélange de brio vocal et d’humour savamment dosé: il est vrai que le groupe a toujours su s’entourer des meilleurs, notamment à la mise en scène (Anne Roumanoff ou Pascal Légitimus pour ne citer que les plus connus), tout en évoluant dans la composition du groupe. Le dernier changement remonte à 2014 avec le remplacement de Xavier Margueritat par Fabian Ballarin en tant que basse (voir notamment leur sixième spectacle «Chasseurs de sons», repris en 2010-2011 à Paris).

La liste de dates prévues à travers toute la France démontre la renommée de la formation, installée à Paris dans le nouvel Alhambra, situé à quelques encablures du l’ancien temple de l’opérette et de la chanson française, détruit en 1967. Aujourd’hui, la salle à taille humaine, d’environ 600 places, donne tout le confort moderne attendu pour l’événement: la sonorisation des interprètes permet à chacun de ne jamais forcer, tout en brillant par la précision de chaque intervention. Au-delà des nécessités comiques attendues, c’est bien la qualité vocale globale qui impressionne – chaque soliste bénéficiant d’une solide formation lyrique, tout particulièrement les femmes (deux d’entre elles sont membres du chœur de chambre Accentus). Au gré de ces acrobaties tant lyriques que théâtrales, le groupe nous embarque dans une valse endiablée de répertoires, passant allégrement du classique revisité (on pourra s’amuser à reconnaître les emprunts à Vivaldi, Mozart, Richard Strauss et tant d’autres) à la comédie musicale (Bernstein ou Michel Legrand), sans oublier le jazz et la musique pop.


Tout l’art du metteur en scène Philippe Lelièvre repose dans les transitions souvent surprenantes entre les morceaux, avec un savant mélange de contrepieds et de fil rouge (un mot, manifestement choisi au hasard par chaque chanteur, sera ainsi scandé en différentes occasions), sans oublier une once de poésie dans les parties plus apaisées. Mais c’est peut-être plus encore la capacité à caractériser chaque personnage qui fait tout le sel de ce spectacle, en donnant une identité visuelle à chacun, autant dans les costumes que les chamailleries et mesquineries bon enfant. Les nombreux gags visuels lorgnent autant vers les références au cinéma muet que la satire du monde du spectacle: ainsi des contrechants trop présents qui nécessitent l’insolite recours à un mégaphone, ou encore des éternels remerciements d’une soliste en mal de reconnaissance... On s’attache peu à peu à ce joyeux petit monde qui n’en oublie pas de revisiter quelques chansons avec de nouvelles paroles à l’humour corrosif, en un rythme aussi décisif que désopilant.

On ne pourra que recommander de courir applaudir ces artistes à la bonne humeur communicative, tout en conseillant d’arriver tôt avant le début du spectacle – le placement dans la salle de L’Alhambra étant libre.

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