D’origine hongroise, mais plus connu sous sa dénomination germanisée
Ernst von Dohnányi, Ernő Dohnányi (1877-1960) fut d’abord influencé en
début de carrière par la clarté lumineuse de Brahms, ce dont témoigne
cet enregistrement du ballet pantomime Le Voile de Pierrette (1910), une première mondiale dans sa version intégrale. Outre les références à la rigueur classique du Brahms des Variations sur un thème de Haydn,
on pourra déceler plusieurs éléments en hommage à la valse viennoise,
autour d’un langage post-romantique qui évoque aussi parfois
Rachmaninov, sans le souffle dramatique.
Inégal et peu aventureux, le ballet reste toutefois toujours élégant et
bien instrumenté, ce qui a pu convaincre le compositeur d’en tirer une
suite (notamment enregistrée par Matthias Bamert pour Chandos, en
1999), avec la Valse nuptiale comme «tube» incontestablement efficace.
On pourra préférer le geste enflammé de Bamert, là où Ariane Matiakh
fouille davantage les détails de la partition avec une belle
sensibilité, sans oublier des contrastes bienvenus entre douceur des
passages lents et vivacité accrue des parties verticales, le tout avec
une assise notable dans les graves.
L’ouvrage gagnerait sans doute à être découvert sur scène afin de bien
saisir tout l’humour narquois de la pantomime, écrite par rien moins
qu’Arthur Schnitzler, alors au fait de sa renommée en Autriche.
L’ouvrage est pourtant assez mal reçu à la création, ce qui n’empêche
pas quelques reprises contemporaines dans les pays germaniques. Le
disque est à réserver aux plus curieux, amateur du geste subtil d’Ariane
Matiakh, qui poursuit ainsi avec Capriccio son exploration des raretés du répertoire, après ses premiers disques consacrés à Johanna Doderer, Zara Levina ou Harald Genzmer.
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