On aurait tort de minorer l’importance des origines juives de Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) pour cerner sa personnalité et les influences prépondérantes dans sa musique. S’il dut fuir le régime nazi par deux fois, en 1939 lors de l’invasion de Varsovie, puis en 1941 à Minsk, Weinberg mit un point d’honneur à inclure des thèmes populaires juifs dans ses premières compositions orchestrales, les mêlant à son style post-romantique puissamment évocateur. Bien avant que son amitié et son admiration réciproque pour Chostakovitch ne lui permettent d’être libéré de son incarcération par le KGB en 1953 pour «nationalisme bourgeois juif», la doctrine Jdanov et son antisémitisme rampant lui reprochent, en tant que tenant du «formalisme», de ne pas suffisamment glorifier le Socialisme triomphant.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
mercredi 25 novembre 2020
« Concertino et Concerto pour violoncelle » de Mieczyslaw Weinberg - Raphael Wallfisch - Disque CPO
On peut aisément comprendre ce reproche à l’écoute du sombre et méditatif Concertino pour violoncelle,
composé en 1948, mais seulement créé en 2017 lors du festival
international Weinberg, organisé au Théâtre Bolchoï à Moscou. Il s’agit
manifestement de la version initiale du Concerto pour violoncelle,
qui n’aurait pas été écrit en 1948 comme on le pensait jusqu’à présent,
mais en 1956, un an avant sa création par le dédicataire Mstislav
Rostropovitch. Son indéniable «efficacité» explique sa plus grande
fréquentation dans les répertoires des salles de concert de nos jours,
comme à Strasbourg en 2017 ou à Paris en 2018 lors d’une tournée européenne de Sol Gabetta.
On pourra toutefois préférer le bref et chambriste Concertino, là où le Concerto
lorgne davantage vers un langage cinématographique opulent, en lien
avec les succès contemporains rencontrés par Weinberg, notamment le film
Quand passent les cigognes (1957). Quoi qu’il en soit, on ne
pourra que se réjouir de la stimulante confrontation de ces ouvrages, ce
que n’avait pas osé le premier enregistrement mondial du Concertino en 2018, chez l’éditeur Northern Flowers.
En complément de programme, l’inspirée Fantaisie pour violoncelle
(1954) déroule sa mélodie lancinante avec beaucoup de grâce, même si le
langage reste peu aventureux en comparaison de Chostakovitch – son
dédicataire. Raphael Wallfisch joue la carte de la musicalité et du
lyrisme, autour d’une superbe maîtrise technique de son instrument, le
tout bien épaulé par les belles couleurs de l’Orchestre symphonique de
Kristiansand. On regrettera toutefois que le geste serein de Lukasz
Borowicz n’apporte davantage de surprises à ces ouvrages agréables mais
un rien trop prévisibles. Doté d’une notice aussi détaillée
qu’instructive, ce disque bénéficie d’un confort sonore optimal, à même
d’en faire une version de première approche tout à fait recommandable.
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