On se réjouit de découvrir un nouvel enregistrement de référence de
cette messe monumentale, aux côtés du disque très réussi de Riccardo
Muti, réalisé pour EMI en 2001. La confrontation des deux
versions, toutes deux captées en concert la même année, est
passionnante, tant les deux lectures se complètent. Le chef italien a
pour lui de meilleurs solistes, tout autant qu’un geste à l’ampleur
symphonique qui rapproche Cherubini de Beethoven – ce qui n’est en rien
un contresens, tant les deux hommes se sont mutuellement influencés.
On pourra toutefois préférer l’élégance chambriste de Frieder Bernius,
qui évoque davantage Haydn, en un style souple et aérien, plus vif dans
les tempi. Mais c’est peut-être plus encore dans sa capacité à fouiller
les détails de la partition que Bernius excelle: ainsi du «Qui tollis»,
où les scansions inquiétantes aux cordes s’opposent au chant apaisé des
voix féminines. Cherubini y fait preuve d’une belle invention mélodique,
quittant son style sévère au profit de mystérieux silences et
d’inattendues ruptures. La finesse des phrasés et des transitions fait
une fois encore merveille, tandis que l’excellence technique du Chœur de
chambre de Stuttgart permet des envolées piquantes, notamment dans le
majestueux «Gloria in excelsis» ou dans les tempi dantesques de la fugue
du «Cum Sancto Spititu».
Toutes ces qualités situent ce live parmi les versions de référence de cette messe, également enregistrée par Helmuth Rilling (Hänssler, 1992) et Newell Jenkins (Vanguard, 1972) avec Maureen Forrester. Après son superbe disque consacré à la Missa Solemnis de Beethoven l’an passé,
Frieder Bernius prouve une fois encore son excellence dans ce
répertoire du début du XIXe siècle, à mi-chemin entre classicisme et
romantisme.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
dimanche 31 janvier 2021
« Missa Solemnis n° 2 » de Luigi Cherubini - Frieder Bernius - Disque Carus
Après s’être intéressé à son premier Requiem (Carus,
2010), Frieder Bernius se penche sur l’un des ouvrages majeurs de Luigi
Cherubini avec sa troisième et plus longue messe: composée en 1811, mais
seulement éditée en 1825 avec l’adjonction d’un nouveau Sanctus, la Messe solennelle en ré
fut écrite pour le prince Nicolas II Esterházy, grand amateur de
musique religieuse, qui souhaitait engager Cherubini à son service.
Malheureusement, le dernier patron de Joseph Haydn (pour lequel il
écrivit ses dernières messes) et commanditaire de la Messe en ut
(1807) de Beethoven dut renoncer à son projet pour des raisons
financières. Cherubini resta ainsi en France, auprès d’un Napoléon qui
l’estimait personnellement, mais n’aimait guère sa musique.
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