A l’instar de son contemporain et compatriote Magnard, dont Strasbourg a récemment exhumé le chef‑d’œuvre lyrique, Guercœur,
Ernest Chausson (1855‑1899) reste en grande partie méconnu du fait du
peu d’ouvrages composés pendant sa courte vie. Parmi ce legs, on trouve
un trésor encore peu enregistré, son unique Trio, écrit à 26 ans,
alors que le compositeur vient d’échouer au Prix de Rome. D’inspiration
« germanique » par son architecture structurée, ce trio montre un
caractère qui va bien au‑delà de la forme maîtrisée, Chausson faisant
valoir une variété d’inspiration dans chacune de ses parties, toutes
très contrastées.
C’est précisément dans les états d’âme des premier et troisième
mouvements que le Trio Métral excelle, en des tempi d’une lenteur
assumée, qui font valoir une respiration souveraine, d’une belle hauteur
de vue. Les ruptures sèches apportent un contraste bienvenu, en
soutenant toujours la relance du discours d’ensemble, tandis que la
clarté des plans sonores bénéficie de la prise de son très détaillée,
déjà admirée dans son précédent disque, consacré en 2021
à Chostakovitch et Weinberg. Il s’agit là du premier enregistrement des
Metral dans leur nouvelle formation « non familiale » : la
violoncelliste Justine Metral a laissé sa place à Laure‑Hélène Michel,
tandis que son frère Joseph l’a cédée au violoniste Nathan Mierdl. Ces
changements n’affectent pas l’équilibre général du trio, qui met en
avant le piano habité de Victor Metral pour faire ressortir la
mélancolie sourde de l’ouvrage, plus sombre et tourmenté dans cette
optique.
La version du Trio Nebelmeer laisse entrevoir une optique foncièrement
différente, autour de tempi plus allants et d’un ton plus viril et
immédiat. Moins impressionnante, la maîtrise formelle fait valoir un
équilibre plus harmonieux entre les trois musiciens, tandis que la
conduite d’ensemble est suffisamment engagée pour supporter une optique
foncièrement chaleureuse. Il faudra également suivre les prochains
disques de ce trio formé en 2021 et basé en Normandie, et ce d’autant
plus qu’à l’instar des Metral, le complément s’avère très réussi.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
jeudi 6 juin 2024
Trio avec piano d'Ernest Chausson - Trio Metral et Trio Nebelmeer - Disques La Dolce Volta et Mirare
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