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Yannick Nézet-Séguin |
Tout concert de Yannick Nézet-Séguin est un événement, surtout lorsqu’il reçoit le pianiste Alexandre Kantorow, Premier prix du Concours Tchaïkovski de Moscou en 2019. Le programme, éclectique, s’avère réjouissant en première partie, avant de laisser place à une Pathétique de Tchaïkovski trop extravagante dans ses audaces interprétatives.
Yannick Nézet-Séguin (né en 1975) est resté attaché à
son Orchestre Métropolitain de Montréal, dont il est le directeur
musical depuis 2000. Il faut au moins l’entendre une fois à la tête de
cet ensemble en concert pour comprendre le lien unique avec ses
musiciens, qui lui répondent comme un seul homme sans sourciller.
On découvre ainsi une Valse de Ravel dont le début murmuré et
allégé offre des effets de soyeux mouvants et ensorcelants. Le premier
tutti sonne comme un coup de tonnerre en contraste, en accélérant les
tempi. Cette lecture excitante, d’une superbe vitalité, voit le chef
québécois à son meilleur dans les rythmes de danse.
Changement d’atmosphère avec la compositrice canadienne Barbara
Assiginaak, dont les bruissements et les sonorités fuyantes, en une
mélodie volontiers hachée, expriment tout son amour pour la nature dans Eko-Bmijwang.
L’ampleur polyphonique qui émerge brièvement laisse place à une
conclusion superbe de lumière sereine, incarnée par des flûtes
suspendues.
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Alexandre Kantorow |
L’impression de facilité émerveille particulièrement dans un Allegro délicieusement facétieux, proche de l’esprit du Carnival des animaux. Le dernier mouvement, plus symphonique, voit le chef reprendre l’élan directeur, en des tempi vifs. En bis, Kantorow offre une belle transition avec la deuxième partie, avec une adaptation du Pas de deux de Casse-Noisette. La perfection technique autant que la hauteur d’inspiration restent longtemps dans les esprits d’un public ravi.
Après l’entracte, la déception domine avec une lecture trop déstructurée de l’ultime symphonie de Tchaïkovski, qui laisse entendre les limites de l’Orchestre Métropolitain en termes de virtuosité, particulièrement chez des cuivres braillards. Quelques passages aux cordes flottent également, même si c’est là une volonté de contraste assumée du chef, aux incessantes fluctuations de tempo. En mettant sur le même plan chant principal et contre-chant, le Nézet-Séguin fait ressortir plusieurs détails bienvenus, au service d’une lecture qui se veut novatrice.
Le résultat reste toutefois trop inégal pour convaincre. Le deuxième mouvement est le plus réussi avec ses rythmes de danse tourbillonnants, tandis que la conclusion rageuse du III enchaîne directement sur l’Adagio conclusif. Parmi les surprises, les dernières mesures sonnent comme une colère contenue, aux accents marqués. À l’issue du concert, Nézet-Séguin s’adresse au public pour célébrer la fête nationale du Québec et lui faire chanter en chœur son hymne Gens du pays.
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