Pour sa cinquante-septième édition, le Festival de Saint-Denis poursuit
son exploration originale du répertoire classique, en proposant des
ouvrages méconnus tels que le drame sacré Le Devoir du premier commandement (une œuvre de jeunesse de Mozart composée en 1767) ou le rare Requiem (1835) de Donizetti. Il faut semble‑t‑il se tourner vers la Basilique pour entendre cette messe des morts, déjà donnée en 2016 sous la baguette de Leonardo García Alarcón, dans une version volontairement « chambriste ».
Cette année, les forces conséquentes de l’Orchestre national
d’Ile‑de‑France (ONDIF) et du Chœur de l’Orchestre de Paris (une
centaine de choristes) permettent de retrouver les couleurs originelles
de cette œuvre inachevée, qui n’a pas été publiée du vivant de
Donizetti. Composé pour honorer la mort de son rival et ami Bellini, ce Requiem
surprend par son inspiration inégale, qui se trouve toutefois rehaussé
par la direction intense de Speranza Scappucci. C’est peu dire que la
cheffe italienne croit en sa valeur, en cherchant à unifier les
incessantes variations d’atmosphère par son attention aux transitions.
Tout l’équilibre de l’ouvrage repose sur la narration, exposée avec un
sens de la respiration et des nuances, qui fait tout le prix de cette
interprétation. Les forces de l’ONDIF montrent une discipline toujours
éloquente sous sa battue, faisant ressortir plusieurs détails dans les piani,
tandis que les tempi mesurés se jouent admirablement du temps de
réverbération de l’acoustique de la Basilique. On aime ainsi tout
particulièrement le raffinement de plusieurs passages à l’orchestration
originale, tel que l’Offertorio pour basse solo et... trombone.
Parmi les grandes satisfactions de la soirée, le Chœur de l’Orchestre de
Paris donne du plaisir à force d’investissement et de maîtrise,
particulièrement dans les passages fugués. Pour ce qui est des solistes,
les voix de femmes sont étonnamment moins servies que les hommes, même
si Alisa Kolosova parvient à se distinguer par son timbre de mezzo
chaleureux et bien projeté. C’est évidemment en ce dernier domaine que
Jean Teitgen domine, avec un sens de la ligne toujours noble. Vito
Priante n’est pas en reste dans l’élégance, à l’instar des magnifiques piani
de Bogdan Volkov, qu’on est heureux d’entendre dans une autre
prestation que son rôle fétiche d’enfant autiste du Tsar Saltane (voir récemment encore à Madrid).
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
samedi 7 juin 2025
« Requiem » de Gaetano Donizetti - Speranza Scappucci - Festival de Saint-Denis - 05/06/2025
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