On doit au flair d’Hugues Gall, alors directeur du Grand Théâtre de
Genève, l’un des tout premiers succès de Robert Carsen en Europe avec la
production du Mefistofele de Boito en 1989. Après plusieurs
années de galère, le metteur en scène canadien allait ainsi inaugurer
une éblouissante carrière internationale autour de projets ambitieux, de
l’intégrale Puccini anversoise au remarquable Songe d’une nuit d’été
présenté à Aix. Aux Etats-Unis, c’est par l’entremise de Samuel Ramey,
emblématique titulaire du rôle de Mefistofele, que la production
genevoise allait être reprise à San Francisco avant de faire le tour du
pays comme une traînée de poudre. Déjà éditée en DVD avec Ramey, elle a
fait l’objet l’an passé d’une nouvelle captation lors de son retour en Californie, fêtant l’événement autour d’un cast de haute tenue.
Décidément incontournable ces temps-ci, au DVD dans Le Prince Igor comme à l’Opéra national de Paris en février prochain dans ce même rôle de Méphistophélès (de Gounod cette fois-ci), Ildar Abdrazakov impose sa présence magnétique pendant tout l’opéra, porté par une aisance vocale confondante entre qualité de l’articulation, profondeur du timbre et variété des couleurs. A ses côtés, Ramón Vargas se montre plus en retrait côté interprétation, affichant mines et postures convenues avec une constance désarmante. Fort heureusement, sa prestation vocale convainc pleinement autour d’une technique très sûre, parfaitement posée. La prestation de Patricia Racette (Margherita) déçoit par son vibrato envahissant dans l’aigu ainsi qu’un surjeu particulièrement agaçant dans les scènes dramatiques ou... lors des applaudissements en fin de représentation. Sa puissance vocale pourra certes impressionner les amateurs du genre, même si ce type d’atout ne passe guère la rampe du DVD.
La direction de Nicola Luisotti, directeur musical de l’Opéra de San Francisco depuis 2009, apporte au drame majesté et ferveur, imprimant aux passages plus légers une note raffinée du plus bel effet. On aurait certes aimé, ici ou là, quelques détails plus fouillés, quelques saillies plus prononcées. Mais l’essentiel est là – épaulé par un chœur superlatif, particulièrement impressionnant dans le prologue. C’est précisément en cette première partie d’opéra que Carsen se montre le plus inspiré, dévoilant son idée maîtresse: faire de cette représentation une constante mise en abyme autour du théâtre dans le théâtre. Mefistofele surgit ainsi d’emblée de la fosse d’orchestre, tirant les ficelles d’un spectacle qui sera sien. Tandis que peu à peu émerge en fond de scène un vaste théâtre à l’italienne, les personnages du chœur apparaissent tous immobiles dans leur semblable tenue d’apparat vénitienne aux masques intimidants. Cette première collaboration avec le décorateur Michael Levine se montre très respectueuse de l’œuvre originale, imprimant aux différents tableaux contrastes et variété, tout en poursuivant habilement son idée du théâtre dans le théâtre. Et ce même si l’on pourra être quelque peu déçu par des scènes de chœur assez désordonnées, moins sobres et stylisées par rapport au «style Carsen» aujourd’hui bien connu.
Des réserves mineures cependant, compte tenu de la qualité générale de la production et d’une offre encore bien réduite en DVD pour ce Mefistofele pourtant si séducteur. Gageons que ce nouvel apport saura donner d’impétueuses envies à quelques audacieux producteurs.
Décidément incontournable ces temps-ci, au DVD dans Le Prince Igor comme à l’Opéra national de Paris en février prochain dans ce même rôle de Méphistophélès (de Gounod cette fois-ci), Ildar Abdrazakov impose sa présence magnétique pendant tout l’opéra, porté par une aisance vocale confondante entre qualité de l’articulation, profondeur du timbre et variété des couleurs. A ses côtés, Ramón Vargas se montre plus en retrait côté interprétation, affichant mines et postures convenues avec une constance désarmante. Fort heureusement, sa prestation vocale convainc pleinement autour d’une technique très sûre, parfaitement posée. La prestation de Patricia Racette (Margherita) déçoit par son vibrato envahissant dans l’aigu ainsi qu’un surjeu particulièrement agaçant dans les scènes dramatiques ou... lors des applaudissements en fin de représentation. Sa puissance vocale pourra certes impressionner les amateurs du genre, même si ce type d’atout ne passe guère la rampe du DVD.
La direction de Nicola Luisotti, directeur musical de l’Opéra de San Francisco depuis 2009, apporte au drame majesté et ferveur, imprimant aux passages plus légers une note raffinée du plus bel effet. On aurait certes aimé, ici ou là, quelques détails plus fouillés, quelques saillies plus prononcées. Mais l’essentiel est là – épaulé par un chœur superlatif, particulièrement impressionnant dans le prologue. C’est précisément en cette première partie d’opéra que Carsen se montre le plus inspiré, dévoilant son idée maîtresse: faire de cette représentation une constante mise en abyme autour du théâtre dans le théâtre. Mefistofele surgit ainsi d’emblée de la fosse d’orchestre, tirant les ficelles d’un spectacle qui sera sien. Tandis que peu à peu émerge en fond de scène un vaste théâtre à l’italienne, les personnages du chœur apparaissent tous immobiles dans leur semblable tenue d’apparat vénitienne aux masques intimidants. Cette première collaboration avec le décorateur Michael Levine se montre très respectueuse de l’œuvre originale, imprimant aux différents tableaux contrastes et variété, tout en poursuivant habilement son idée du théâtre dans le théâtre. Et ce même si l’on pourra être quelque peu déçu par des scènes de chœur assez désordonnées, moins sobres et stylisées par rapport au «style Carsen» aujourd’hui bien connu.
Des réserves mineures cependant, compte tenu de la qualité générale de la production et d’une offre encore bien réduite en DVD pour ce Mefistofele pourtant si séducteur. Gageons que ce nouvel apport saura donner d’impétueuses envies à quelques audacieux producteurs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire