dimanche 11 octobre 2015

« Oeuvres chorales » d'Hermann Zilcher - Monteverdi Kammerchor Würzburg - Disque Chromart Classics

Force est de le constater: très peu de disques consacrés à l’œuvre pourtant conséquent du compositeur allemand Hermann Zilcher (1881-1948) sont aujourd’hui disponibles. Et pour cause, pourrait-on dire, puisqu’il fut l’un des compositeurs les plus attachés au régime d’Hitler, comme le prouve ses adhésions au NSDAP (dès 1933), mais aussi au redoutable corps paramilitaire NSKK. Quelques lignes dévastatrices dans un CV qui expliquent aisément sa mise à l’écart durable en dehors de son pays. Une autre raison tient à son conservatisme musical, marqué par un attachement pour des modèles peu novateurs situés entre un ferme arrimage à la consonance et une admiration pour la figure de Brahms.

La musique de Zilcher n’en reste pas moins immédiatement irrésistible de fraîcheur, alternant finesse et raffinement, particulièrement en son chef-d’œuvre encensé à juste titre outre-Rhin, les Deutsches Volksliederspiel (1915), ici enregistrés en première mondiale à l’instar des autres œuvres réunies sur le disque. Composés à partir du fameux recueil de chants populaires Le Cor merveilleux de l’enfant (Des Knaben Wunderhorn) publié au début du XIXe siècle et source d’inspiration pour de nombreux autres compositeurs, ces véritables joyaux réunissent solistes, chœur et piano en seize courtes pièces lumineuses. De lointains échos à Schubert se font entendre, sans jamais quitter la clarté irradiante qui subjugue constamment ici. En maints endroits savoureux, on retrouve aussi le ton léger et soyeux d’un Humperdinck, voisin et proche ami du père de Zilcher – célèbre professeur de piano en son temps.


Les autres pièces regroupées sur ce disque se situent à un même niveau d’inspiration, que ce soient le Chiemsee-Terzette (1923) pour chœur de femmes a cappella, ou les deux chœurs d’homme – eux-aussi a cappellaTöne Lied aus weiter Ferne (1931) et Wacht auf! (1932). On retient surtout un Intermezzo débridé dans le Trio, petit moment de folie surprenant et agréable, tandis que le «Wanderlied» du Töne Lied se fait plus recueilli et émouvant, avec des nuances d’intonation superbes. Si les solistes montrent un très bon niveau homogène, c’est surtout le Chœur de chambre Monteverdi de Würzburg (ville bavaroise où Zilcher a dirigé le conservatoire de musique pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie) qui impressionne par un niveau n’ayant pas grand-chose à envier aux plus grands chœurs professionnels. Seul petit regret concernant cet excellent disque: la notice en français très incomplète par rapport aux textes allemands et anglais beaucoup plus détaillés.

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