mardi 6 octobre 2015

Concert de Giulio Prandi - Oeuvres de Galuppi, Vivaldi et Perez - Festival d'Ambronay - 03/10/2015

Le Ghislieri Choir & Consort et Giulio Prandi
Régulièrement accueillis depuis plusieurs années aux festivals de La Chaise-Dieu, Besançon et Ambronay, Giulio Prandi et son ensemble basé à Pavie font une nouvelle halte dans l’Ain en ce début d’automne. Un rendez-vous incontournable tant on se souvient de la vibrante réussite du concert donné ici-même l’an passé (enregistré dans les conditions du direct par Amadeus), très vite suivi d’un nouveau disque paru chez Sony autour de la figure du méconnu Davide Perez. Un des compositeurs redécouvert par Giulio Prandi que l’on retrouve d’ailleurs cette année en bis à l’issue du concert, avec un motet relatant la bataille entre saint Michel et le dragon.

La première partie de la soirée avait d’abord été consacrée à Baldassare Galuppi (1706-1785), autre compositeur italien dont Prandi défend le répertoire religieux avec constance. Place cette fois à un Magnificat totalement inédit du natif de Burano, une œuvre d’à peine cinq minutes qui fait forte impression par son début sombre, presque martial avec ses trompettes très présentes, mais qui n’apporte pas grand-chose de plus à la gloire de Galuppi. Le Nisi Dominus qui suit montre davantage de variété, même si l’on reste parfois frustré par ses courtes pièces qui s’enchaînent rapidement sans parvenir à dépasser les vingt minutes au total.


La soprano écossaise Rachel Redmond, déjà présente l’an passé à l’instar de l’alto Marta Fumagalli, nous ravit à nouveau par son timbre aérien et souple, d’une aisance confondante dans les parties les plus redoutables. Outre un air quasi mozartien où elle se joue des périlleuses vocalises, on retient particulièrement son très beau duo avec Marta Fumagalli, d’une légèreté mise en valeur par la douceur de l’accompagnement attentif de Prandi. Une alto elle aussi admirable de maîtrise subtile dans son air noble et serein qui suit. A peine pourra-t-on lui reprocher, en tout début de concert, plusieurs attaques laissant percevoir de légers défauts d’intonation. Un problème technique heureusement bien vite évacué au fur et à mesure de la soirée. A ses côtés, une impeccable Marta Redaelli surprend par un organe magnifique de puissance, tandis que Marco Bussi assure bien sa partie, même si l’on aurait aimé moins de rigidité dans l’expression.


Un rien moins explosif que l’an passé, Giulio Prandi reste toujours aussi impressionnant par ses attaques sèches associées à la lisibilité offerte à chaque groupe d’instruments, parfaitement différenciés. Les passages rapides sont marqués par une pulsation rythmique nerveuse, telle des vagues lancées sur le rivage, tout en gardant une constante attention aux détails soutenus par un travail précis sur les nuances. C’est particulièrement audible dans le court mais superbe Concerto de Vivaldi, dont le mouvement lent très inspiré semble tourner sur lui-même en une cadence hypnotique. Mais c’est plus encore le très beau chœur du Ghislieri qui remporte cette année les suffrages. Que ce soient dans les dernières mesures murmurées du Credo de Galuppi ou dans les virtuosités vivaldiennes, le chœur sait se faire tour à tour poignant et excitant, sans jamais sacrifier à la nécessaire diction, si chère à Prandi.


Seul regret concernant ce concert: des œuvres un rien trop brèves, dont les mouvements internes proposent souvent de belles promesses de développement qui malheureusement s’estompent bien vite. De magnifiques bulles de champagne que l’on aurait aimé voir s’épanouir bien davantage...

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