jeudi 17 octobre 2019

« Dance » par le Quatuor Escher et Jason Vieaux - Disque Azica Records


Il ne faut pas se laisser arrêter par le titre racoleur de ce disque qui cherche manifestement à donner une image plus moderne du répertoire ici remis au goût du jour: hormis la pièce d’Aaron Jay Kernis (né en 1960), le programme est ainsi dévolu à deux chefs d’œuvre de Castelnuovo-Tedesco et Boccherini, à découvrir en priorité dans cette superbe interprétation. C’est là une nouvelle réussite du Quatuor Escher, dont on ne cesse de vanter les mérites depuis la découverte des intégrales des Quatuors de Zemlinsky (Naxos, 2013-2014) et Mendelssohn (Bis, 2015 et 2016). Si l’on observe un changement au niveau de l’effectif, Brook Speltz ayant remplacé Dane Johansen au violoncelle, celui-ci permet à l’ensemble de conserver ses qualités habituelles de verve piquante, de couleurs et d’extraversion, toujours au service d’une lecture lyrique stimulante.

Le disque s’ouvre sur le superbe Quintette avec guitare (1951) de Castelnuovo-Tedesco dont l’ampleur mélodique confiée à chacun des instruments lui donne des allures de concerto – on notera que le compositeur s’était déjà illustré dans ce genre avec le Premier Concerto composé en 1939. C’est là un ouvrage qui revient sans cesse à l’esprit, tant par son thème entêtant du premier mouvement, la poésie du deuxième et le rythme endiablé du dernier, que la délicatesse des interventions de la guitare ou encore l’élévation d’esprit générale – bien supérieure à celle de son contemporain Joaquín Rodrigo, plus mélodramatique en comparaison.

Changement radical d’atmosphère avec Aaron Jay Kernis et ses explorations des jeux sur les sonorités des instruments au début de son 100 Greatest Dance Hits (1993), qui nous embarque ensuite dans un lyrisme proche de Piazzolla. En plusieurs mouvements courts très différenciés, inspirés par le disco ou la salsa, l’Américain fait valoir un élan lyrique et un talent de coloriste, en contraste avec des moments de respiration où la mélodie s’épanouit davantage. Un ouvrage réussi digne de cet ancien prix Pulitzer.

Retour au classicisme et à l’émotion à fleur de peau du Quatrième Quintette avec guitare (1788) de Boccherini, non exempt de ruptures franches dans l’interprétation qui donne beaucoup de caractère à l’ensemble, tandis que la guitare virtuose de Jason Vieaux se distingue par son ornement délicat et toujours précis.

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