dimanche 1 décembre 2019

« La sposa di Messina » de Nicola Vaccai - Jessica Pratt - Disque Naxos


On doit au festival Rossini in Wildbad, situé en pleine forêt noire à quelques encablures de Karlsruhe, l’édition en 2012 du premier enregistrement mondial de La Fiancée de Messine (1837) de Nicola Vaccai (1790-1848). Eclipsé par Rossini, puis par Bellini, Vaccai remporta son plus grand succès en 1825 avec la création de Roméo et Juliette à Milan. On retrouve ici le Vaccai de la maturité, puisqu’il s’agit de l’avant-dernier ouvrage lyrique de cet ancien élève de Paisiello, qui bénéficie d’un livret d’une haute ambition littéraire, inspiré de la pièce éponyme de Friedrich Schiller. Les interventions du chœur, très présent au début, sont malheureusement desservies par l’interprétation maladroite du «Classica Chamber Choir» de Brno, dépassés au niveau de la justesse dans les accélérations. La direction narrative et précise d’Antonio Gogliani respire en des tempi harmonieux, un rien trop sage: là aussi, l’orchestre tient une place décisive qui donne tout son intérêt à l’ouvrage, entre expression mélodique et variété des climats révélés, le tout dans un langage solide mais peu aventureux. Dommage que le plateau vocal soit aussi inégal pour rendre justice à l’ensemble.

On passera rapidement sur le Cesare au vibrato envahissant et à l’émission en force d’Armando Ariostini, tout autant que sur l’Emanuele au timbre aigre et peu ample de Filippo Adami, malgré un bel éclat. Wakako Ono compose une frêle Beatrice, autour d’une petite voix serrée à la ligne hésitante et gênée dans le suraigu. Elle s’en sort toutefois correctement dans son premier air, délicatement accompagné à la clarinette – un des sommets de la partition. Jessica Pratt (Isabella), alors âgée de 20 ans, donne plus de satisfactions, même si la soprano ne peut faire oublier une technique chaotique, aux phrasés trop hachés. Fort heureusement, l’intensité de l’expression, tout comme ses graves splendides, compensent un aigu qui perd parfois en substance. Enfin, Maurizio Lo Piccolo convainc dans son interprétation stylée de Diego. Trop peu, hélas, pour relever le niveau global décevant de l’interprétation.

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