dimanche 29 décembre 2019

« Les P’tites Michu » d'André Messager - Rémy Barché - Grand-Théâtre de Tours - 28/12/2019


Dix ans avant Fortunio (1907), repris tout récemment à l’Opéra-Comique, le compositeur et chef d’orchestre André Messager remporta l’un des plus grands succès de sa carrière avec Les P’tites Michu qui fit rapidement le tour du monde avec ses mélodies irrésistibles et son livret bien troussé. On retrouve avec grand plaisir à Tours, après une grande tournée à travers toute la France, la production présentée l’an passé par Angers Nantes Opéra avec la compagnie Les Brigands et le Centre de musique romantique française Bru Zane. Comme à Nantes, le spectacle bénéficie de l’orchestration originale avec grand orchestre, contrairement aux représentations parisiennes qui se sont contentées d’une version plus réduite au niveau de l’effectif. Dans la fosse, Christophe Grapperon, habituel compagnon de route des Brigands, prend la succession de Pierre Dumoussaud avec une belle vigueur, mais sans parvenir au degré de finesse et de raffinement de l’ancien élève d’Alain Altinoglu. On perd ainsi l’équilibre subtil de ce petit bijou qui alterne entre comédie boulevardière et émotion à fleur de peau, notamment dans l’émouvante prière à saint Nicolas – sans parler des quelques décalages avec le plateau, souvent audibles.

La mise en scène de Rémy Barché continue quant à elle de séduire par sa fantaisie colorée et loufoque, davantage incarnée dans les dessins malicieux de Marianne Tricot, évocateurs du temps de l’adolescence, que la direction d’acteur un peu trop statique au début. La seconde partie du spectacle est plus réussie en ce domaine, grâce aux interventions désopilantes des deux parents (irrésistibles Damien Bigourdan et Marie Lenormand) ou du valet obséquieux et fantasque de Romain Dayez. Parmi les rôles essentiellement parlés, Jean-Baptiste Dumora complète le tableau par le mélange d’autorité et de pince-sans-rire, d’une verve truculente et toujours à-propos. Que dire enfin, des superlatives Violette Polchi (Marie-Blanche) et Anne-Aurore Cochet (Blanche-Marie), qui semblent être nées pour ces rôles? Leur grâce et leur fraîcheur n’ont d’égal que la maestria d’un chant toujours naturel et confondant d’aisance. A leurs côtés, Philippe Estèphe donne à son Gaston des phrasés nobles d’une présence solaire, tandis qu’Artavazd Sargsyan (Aristide) assure bien sa partie. De quoi expliquer l’accueil très chaleureux réservé par le public tourangeau à l’issue de la représentation, manifestement ravi par l’énergie de cette belle troupe – très convaincante dans le nécessaire équilibre entre qualités théâtrales et vocales (contrairement à l’autre spectacle donné par Les Brigands en ce moment à l’Athénée).

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