En dehors de son célèbre Mariage secret (1792), composé à la fin
de sa carrière, après son séjour à la Cour de Russie, les plus de
quatre-vingts ouvrages lyriques de Domenico Cimarosa semblent bien
oubliés aujourd’hui, à quelques exceptions près (voir notamment la
production genevoise des Deux Barons de Rocca Azzurra en 2014). L’Opéra de Francfort a eu la bonne idée de choisir l’un des plus éclatants succès du Napolitain, avec L’Italienne à Londres,
un intermezzo composé en 1778 à Rome: ce succès immédiat sera
rapidement repris bien au-delà de l’Italie, établissant la réputation
d’un compositeur jusque-là peu connu en dehors de Naples.
Ce succès repose avant tout sur le livret très efficace de Giuseppe
Petrosellini, qui travaille avec tous les grands de son temps (de
Piccini à Salieri, en passant par Paisiello): en multipliant les
quiproquos, les situations s’enchaînent sans temps morts, faisant de
cette histoire proche des comédies de Goldoni un divertissement des plus
réjouissants. Il faut dire que la mise en scène de R.B. Schlather
l’enrichit grandement en apportant un vent de folie bienvenu, avec très
peu de moyens en apparence (nombreuses surprises visuelles au moyen du
plateau tournant et des éclairages variés). La farce gagne en profondeur
à force d’attention à chaque détail et repose avant tout sur la finesse
de la direction d’acteur, joyeusement déjantée, qui trouve le ton juste
sans jamais verser dans l’hystérie. Chaque personnage gagne ainsi en
consistance, tandis que le décor unique et astucieux est revisité avec
un à-propos qui force l’admiration: progressivement, le spectacle
provoque l’hilarité parmi le public, notamment lors des scènes qui
jouent de l’étroitesse de la cabine téléphonique ou des fantaisies de
Polidoro.
Un spectacle très réussi pour cette ouverture de saison, dont on se félicite de la captation télévisée réalisée à l’occasion de cette dernière représentation du spectacle.
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