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Maxim Emelyanychev |
Avec ces faux airs d’éternel adolescent à l’allure dégingandée, sourire
vissé aux lèvres, le chef russe Maxim Emelyanychev (né en 1988) paraît
tout droit sorti d’un album de Riad Sattouf : cette impression fugitive
disparaît aussitôt qu’il dirige du clavecin l’excellent ensemble Il Pomo
d’Oro, fondé en 2012, où la magie opère. Pour autant, à l’instar des
chœurs réduits à seize chanteurs (tous parfaits de ferveur), on regrette
un effectif limité à un peu plus de vingt musiciens, manifestement
insuffisant dans son assise de graves pour embrasser le volume du
Théâtre des Champs-Elysées. La salle de 1905 places est pourtant de
proportion idéale dans ce répertoire. Quoi qu’il en soit, ce contingent
réduit permet d’entendre chaque détail de l’orchestration, parfaitement
mis en valeur par l’opposition bien différenciée des pupitres ou la fine
attention aux nuances. La dernière partie de la soirée, plus
dramatique, est plus encore un régal, tant le geste expressif
d’Emelyanychev porte les interprètes à un niveau superlatif.
Le public ne s’y est pas trompé en venant en nombre avenue Montaigne :
en ces temps difficiles pour les lieux de spectacles, qui peinent à
remplir un peu partout en France, on retrouve l’ambiance des grands
soirs avec une salle pleine à craquer jusqu’aux loges sans visibilité au
dernier étage. On avait presque oublié cette atmosphère électrique
propre au Théâtre des Champs-Elysées, si prompte à s’enflammer : il faut
dire que le plateau vocal réuni frise la perfection, à quelques infimes
réserves près.
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Lisette Oropesa |
Dans le rôle-titre, Lisette Oropesa fait l’étalage de sa classe vocale
habituelle, autour d’une belle aisance technique. Pour autant, la
comparaison avec ses partenaires fait entendre une inadéquation
stylistique dans ce répertoire, avec une émission moins franche (très
léger vibrato) et un investissement dramatique trop décoratif. C’est
bien entendu tout l’inverse pour la bouillonnante Joyce DiDonato
(Irene), qui imprime une tension à chacune de ses interventions par son
autorité naturelle et ses accents tranchants : la maîtrise suprême de
son instrument donne une liberté de ton à ses phrasés, ce qui lui permet
de laisser libre court à son imagination et à son sens du théâtre. On
porte une même admiration à Michael Spyres (Septimius), qui sculpte
chaque mot avec amour, toujours au service du sens. Malgré un aigu
légèrement instable en début de représentation, le ténor américain
connaît les moyens dont il dispose et en use avec art. Il faut entendre
avec quelle science il se joue de son dernier air aux aigus périlleux,
grâce à sa maîtrise du souffle : la reprise de l’ornementation montre
combien il sait donner davantage de corps au même passage, au besoin.
Visiblement ému en fin de représentation, Paul-Antoine Bénos-Djian (Didymus) savoure quant à lui le moment en si belle compagnie, après son récent succès rennais en Rinaldo : le public lui réserve une ovation amplement méritée, tant le contre-ténor français porte d’un feu intérieur son rôle tragique. On aura rarement entendu chanteur aussi investi, au service d’un instrument large, à l’émission veloutée. A ses côtés, John Chest (Valens) pourrait donner davantage de vigueur à son rôle tout de noirceur : pour autant, sa solidité de ligne et son aisance sur toute la tessiture donnent beaucoup de plaisir vocal. Il lui reste à sortir de sa zone de confort pour nous emporter plus encore à l’avenir.
Visiblement ému en fin de représentation, Paul-Antoine Bénos-Djian (Didymus) savoure quant à lui le moment en si belle compagnie, après son récent succès rennais en Rinaldo : le public lui réserve une ovation amplement méritée, tant le contre-ténor français porte d’un feu intérieur son rôle tragique. On aura rarement entendu chanteur aussi investi, au service d’un instrument large, à l’émission veloutée. A ses côtés, John Chest (Valens) pourrait donner davantage de vigueur à son rôle tout de noirceur : pour autant, sa solidité de ligne et son aisance sur toute la tessiture donnent beaucoup de plaisir vocal. Il lui reste à sortir de sa zone de confort pour nous emporter plus encore à l’avenir.
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Paul-Antoine Bénos-Djian |
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