jeudi 4 septembre 2014

Concert du Quatuor Diotima - Festival de la Chaise-Dieu - 30/08/2014

Parmi les plus anciens et les plus prestigieux festivals d’Europe, le Festival de La Chaise‑Dieu rend cette année hommage au méconnu compositeur auvergnat George Onslow. L’impeccable quatuor Diotima donne toute la mesure de son talent dans un programme qui confronte Onslow à son maître spirituel Beethoven.

Quatuor Diotima

On doit au célèbre pianiste hongrois György Cziffra, spécialiste du répertoire de Franz Liszt, l’initiative de la création du Festival de La Chaise-Dieu, voilà 48 ans. Fasciné par le grand orgue de l’abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu, petite ville de Haute-Loire, Cziffra lance l’idée d’une restauration financée par l’organisation de concerts : le Festival est né. Dès lors, chaque soirée sera traditionnellement précédée d’une courte pièce d’orgue, comme une invitation solennelle à la nécessaire concentration d’avant-concert. Programmé pendant les dix derniers jours du mois d’août, le Festival propose pas moins de quarante représentations payantes, auxquels s’ajoutent de nombreuses manifestations gratuites (concerts, conférences, répétitions publiques, etc.).

Principalement dédiée à la musique vocale, La Chaise-Dieu s’autorise depuis quelques années des incursions vers le répertoire symphonique ou la musique de chambre (à l’auditorium Cziffra, voisin de l’abbatiale), permettant ainsi à cette édition 2014 de rendre un passionnant hommage au méconnu George Onslow * (1784-1853), compositeur surnommé le « Beethoven français ». Natif de Clermont-Ferrand, mais d’origine anglaise par son père, Onslow bénéficie d’une importante renommée de son vivant, justifiant qu’il succède à Cherubini à l’Académie des beaux-arts, devant rien moins que Berlioz ou Auber. À sa mort, son œuvre tombe pourtant rapidement dans l’oubli, et ce malgré une production considérable et respectée dans le domaine de la musique de chambre.
Onslow, compositeur auvergnat contemporain de Beethoven
Si le disque rend peu à peu justice à Onslow, avec une quinzaine d’enregistrements à ce jour, La Chaise-Dieu a choisi cette année de mettre en avant ce compositeur, attaché à ses origines auvergnates, en confrontant sa musique à celle de son contemporain Beethoven. Un miroir passionnant, sur trois jours et plusieurs concerts. Le Festival s’est tout naturellement tourné vers le quatuor Diotima, jeune formation habituée des lieux qui a obtenu un remarquable succès critique avec ses différents travaux gravés depuis dix ans, et particulièrement avec Onslow. C’est d’ailleurs avec le Quatuor nº 28 déjà inscrit chez Naïve que les Diotima entament leur exécution, faisant ressortir l’invention mélodique, le sens du détail et la pulsion rythmique caractéristiques de l’Auvergnat.
Si l’on peut regretter un premier violon un rien trop tranchant dans cette œuvre, sa vision convient mieux aux aspérités du Quatuor nº 15 de Beethoven. Un des tout derniers monuments du natif de Bonn, d’une exigeante modernité, fort éloigné de l’élégance un peu distante d’Onslow. Rien d’étonnant à cela tant Onslow avouait ne pas comprendre cette ultime manière du grand maître allemand. On retient surtout le poignant adagio, parfaitement rendu par l’engagement physique des Diotima. Auparavant, entre les deux œuvres, les quatre hommes avaient donné un extrait en forme de clin d’œil d’une pièce pour quatuor écrite par Pierre Boulez. Un « compositeur local », là aussi, né à Montbrison à quelques kilomètres de La Chaise-Dieu. Les Diotima rappelaient ainsi malicieusement leur vif intérêt pour la musique contemporaine, qu’ils ne cessent de défendre avec bonheur au disque comme en concert. 

* Parallèlement à l’hommage rendu à Jean-Philippe Rameau, ancien titulaire du grand orgue de la cathédrale de Clermont-Ferrand – le festival ayant notamment accueilli le concert  "La Grâce et la Gloire" présenté à Vézelay le 23 août 2014.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire