En deux concerts 
symphoniques, le Festival de La Chaise-Dieu rend hommage au compositeur 
George Onslow autour d’une
      passionnante confrontation avec ses contemporains. 
Jacques Mercier, bien soutenu par un orchestre de qualité, convainc 
pleinement.
    
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| Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu | 
Pour décrypter les différences d’interprétation entre deux chefs 
d’orchestre, rien de plus aisé avec les concerts donnés successivement 
par Jos Van Immerseel et
      Jacques Mercier lors du Festival de La Chaise-Dieu. On ne peut 
en effet imaginer styles artistiques plus opposés, renforcés de surcroît
 par l’utilisation pour Immerseel d’une
      formation réduite sur instruments d’époque. Dans le cadre de 
l’hommage rendu au compositeur George Onslow, Français d’origine 
auvergnate et anglaise, des programmes symphoniques quasi
      identiques sont proposés lors de cette première journée, en forme 
de mise en perspective passionnante autour de ses deux contemporains 
Beethoven et Schubert.
    
      Dans l’écrin majestueux de l’abbatiale Saint-Robert, l’acoustique 
séduit d’emblée par sa résonance maîtrisée, qui s’explique sans doute 
par la faible largeur du lieu, tandis que les
      boiseries des stalles apportent chaleur et précision. Même au-delà
 du jubé, où la visibilité devient réduite pour le public (heureusement 
compensée par un écran géant), les semblables qualités
      sonores captivent immédiatement. On comprend mieux pourquoi un tel
 lieu a été choisi, contribuant à la renommée de la manifestation. Le 
concert d’Immerseel débute avec la méconnue ouverture
      Die Zauberharfe de Schubert, composée en 1820, et plus tard intégrée à la musique de scène de Rosamunde, princesse de Chypre.
    
Un Onslow entre Schumann et Mendelssohn
    
      L’entrée solennelle jouée lentement par le maestro belge gomme 
volontairement tout romantisme, alliant martèlement des cuivres et 
percussions en contraste avec le ton étonnamment doucereux des
      cordes. Très vigilant sur le respect des nuances (pianissimos de 
rêve), les variations d’atmosphère ainsi créées apportent un raffinement
 très plaisant. La quatrième et dernière symphonie
      d’Onslow, datée de 1846, se veut plus dramatique, plus mystérieuse
 aussi. Si le début fastueux peut faire penser à Schumann, la légèreté 
sautillante des courts motifs entremêlés rapproche
      ensuite Onslow de Mendelssohn.
    
      L’attention portée par Immerseel à chaque détail donne cependant 
une forme trop décousue à l’ensemble, de surcroît dévalorisé par des 
cordes un peu aigres – d’abord les premiers violons,
      puis les violoncelles dans l’andantino. Les quelques baisses de 
tension constatées se retrouvent dans la cinquième symphonie 
de Beethoven, même si la formation semble plus assurée,
      connaissant évidemment bien mieux la partition (superbe 
intégrale). On renoue avec la conception habituelle du chef, ne 
s’intéressant guère aux sous-entendus narratifs de
      « la Pastorale » pour privilégier une vision cursive et sans 
vibrato. À force de rechercher le détail en allégeant les graves, son 
orage sonne trop pâle. Une lecture objective
      qui le rapproche d’un George Szell, mais avec un orchestre 
malheureusement plus faible.
    
Mercier, direct et conquérant
    
      Avec Jacques Mercier et l’Orchestre national de Lorraine, on 
retrouve un ensemble aux effectifs doublés par rapport au concert 
précédent. Composée en 1830, la première symphonie
      d’Onslow affiche un lyrisme et un ton juvénile revigorant, la 
rapprochant de Beethoven par sa fougue et son élan. Les thèmes homogènes
 confiés aux cordes, très sollicitées, donnent un
      classicisme éloquent à cette œuvre charmante. Avec son style 
direct et conquérant, Mercier sait aussi apporter une jolie douceur à la
 fin apaisée du deuxième mouvement. Une vision très fidèle à
      la partition. Avec Beethoven, le chef français, toujours attentif 
aux contrastes, insiste sur l’équilibre entre les pupitres, d’une belle 
cohésion. Seuls les cuivres, un rien trop premier
      degré, déçoivent quelque peu dans ce concert globalement beaucoup 
plus réussi que le précédent. 
    

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