mercredi 3 septembre 2014

Concerts de l'Orchestre de Lorraine et d'Anima Eterna - Festival de la Chaise-Dieu - 29/08/2014

En deux concerts symphoniques, le Festival de La Chaise-Dieu rend hommage au compositeur George Onslow autour d’une passionnante confrontation avec ses contemporains. Jacques Mercier, bien soutenu par un orchestre de qualité, convainc pleinement.
Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu
Pour décrypter les différences d’interprétation entre deux chefs d’orchestre, rien de plus aisé avec les concerts donnés successivement par Jos Van Immerseel et Jacques Mercier lors du Festival de La Chaise-Dieu. On ne peut en effet imaginer styles artistiques plus opposés, renforcés de surcroît par l’utilisation pour Immerseel d’une formation réduite sur instruments d’époque. Dans le cadre de l’hommage rendu au compositeur George Onslow, Français d’origine auvergnate et anglaise, des programmes symphoniques quasi identiques sont proposés lors de cette première journée, en forme de mise en perspective passionnante autour de ses deux contemporains Beethoven et Schubert.
Dans l’écrin majestueux de l’abbatiale Saint-Robert, l’acoustique séduit d’emblée par sa résonance maîtrisée, qui s’explique sans doute par la faible largeur du lieu, tandis que les boiseries des stalles apportent chaleur et précision. Même au-delà du jubé, où la visibilité devient réduite pour le public (heureusement compensée par un écran géant), les semblables qualités sonores captivent immédiatement. On comprend mieux pourquoi un tel lieu a été choisi, contribuant à la renommée de la manifestation. Le concert d’Immerseel débute avec la méconnue ouverture Die Zauberharfe de Schubert, composée en 1820, et plus tard intégrée à la musique de scène de Rosamunde, princesse de Chypre.
Un Onslow entre Schumann et Mendelssohn
L’entrée solennelle jouée lentement par le maestro belge gomme volontairement tout romantisme, alliant martèlement des cuivres et percussions en contraste avec le ton étonnamment doucereux des cordes. Très vigilant sur le respect des nuances (pianissimos de rêve), les variations d’atmosphère ainsi créées apportent un raffinement très plaisant. La quatrième et dernière symphonie d’Onslow, datée de 1846, se veut plus dramatique, plus mystérieuse aussi. Si le début fastueux peut faire penser à Schumann, la légèreté sautillante des courts motifs entremêlés rapproche ensuite Onslow de Mendelssohn.
L’attention portée par Immerseel à chaque détail donne cependant une forme trop décousue à l’ensemble, de surcroît dévalorisé par des cordes un peu aigres – d’abord les premiers violons, puis les violoncelles dans l’andantino. Les quelques baisses de tension constatées se retrouvent dans la cinquième symphonie de Beethoven, même si la formation semble plus assurée, connaissant évidemment bien mieux la partition (superbe intégrale). On renoue avec la conception habituelle du chef, ne s’intéressant guère aux sous-entendus narratifs de « la Pastorale » pour privilégier une vision cursive et sans vibrato. À force de rechercher le détail en allégeant les graves, son orage sonne trop pâle. Une lecture objective qui le rapproche d’un George Szell, mais avec un orchestre malheureusement plus faible.
Mercier, direct et conquérant
Avec Jacques Mercier et l’Orchestre national de Lorraine, on retrouve un ensemble aux effectifs doublés par rapport au concert précédent. Composée en 1830, la première symphonie d’Onslow affiche un lyrisme et un ton juvénile revigorant, la rapprochant de Beethoven par sa fougue et son élan. Les thèmes homogènes confiés aux cordes, très sollicitées, donnent un classicisme éloquent à cette œuvre charmante. Avec son style direct et conquérant, Mercier sait aussi apporter une jolie douceur à la fin apaisée du deuxième mouvement. Une vision très fidèle à la partition. Avec Beethoven, le chef français, toujours attentif aux contrastes, insiste sur l’équilibre entre les pupitres, d’une belle cohésion. Seuls les cuivres, un rien trop premier degré, déçoivent quelque peu dans ce concert globalement beaucoup plus réussi que le précédent. 

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