vendredi 11 décembre 2015

Musique de chambre d'Arthur Honegger - Trio Prospero - Disque Centaur


Tout droit venu des Etats-Unis, le méconnu Trio Prospero nous convie à un superbe panorama consacré à la musique de chambre d’Arthur Honegger (1892-1955). Ces quatre œuvres, enregistrées sur plusieurs années, permettent de mesurer tout le chemin parcouru en vingt ans par un artiste inspiré par les petites formes. On découvre tout d’abord son Trio pour piano, violon et violoncelle (1914), premier mouvement d’une œuvre de jeunesse inachevée ou perdue. Encore tourné vers le passé, ce trio convainc par sa vigoureuse rythmique, en cela bien différente de l’œuvre suivante, la Première Sonate pour violon et piano (1916-1918), aux teintes globalement sombres. Œuvre d’étude là aussi, elle est pratiquement contemporaine du Premier Quatuor (1917) et partage un même niveau d’inspiration. Il est vrai qu’Honegger n’en était pas à ses premiers essais dans le genre, puisqu’une autre sonate pour ces deux instruments avait été composée en 1912 (et non publiée), sans parler des six sonates de jeunesse (1908). Après un Andante initial glacial, les Prospero s’enflamment dans le magnifique Presto, tout de contrastes et de caractère, avant de se faire à nouveau plus graves dans la Passacaille funèbre du dernier mouvement.

Encore un chef-d’œuvre intense avec la Sonate pour violoncelle et piano (1920), second exercice dans le genre – une autre sonate de 1912-1913 ayant été perdue. Le violoncelle altier de Jana Vander Schaaf Ross, au premier plan ici, insuffle un élan mélodique prenant dans l’Allegro initial, avant que l’Andante, plus aride, tour à tour méditatif et extatique, ne fasse ressortir le piano volontairement en noir et blanc de Nicholas Ross. Le Presto final permet ensuite à ce même piano de s’animer en une scansion entêtante, tandis que le violoncelle se fait plus nerveux, s’apaisant momentanément pour vite retrouver l’élan vertical caractéristique de ce mouvement.


Changement d’atmosphère avec la Sonatine pour violon et violoncelle (1932), d’allure narquoise et légère, presque sautillante. Cette œuvre a en réalité l’ampleur d’une sonate, mais peut-être son ton allègre, parfois dépouillé, explique-t-il ce titre surprenant. Comme dans les autres œuvres, les musiciens font valoir des qualités de cohésion et de lyrisme intenses, aussi précis qu’attentifs à la rythmique, admirables défenseurs de ce répertoire superbe.

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