vendredi 17 juin 2016

« Die Dorfschule » de Felix Weingartner - Disque CPO


Comme tant d’autres, le chef d’orchestre autrichien Felix Weingartner (1863-1942) n’a pas eu la chance de se voir reconnaître en tant que compositeur de son vivant ni après sa mort, au contraire de Gustav Mahler – son parfait contemporain redécouvert sur le tard par les pionniers Leonard Bernstein ou Maurice Abravanel. L’Autrichien eut pourtant l’insigne honneur d’être choisi par Mahler pour lui succéder à la tête de l’Opéra d’Etat de Vienne en 1908, reconnaissant ainsi sa réputation en ce domaine.

Depuis 2005, CPO s’est lancé dans une exploration inédite et particulièrement approfondie d’une grande partie des compositions de Weingartner, bien connu des collectionneurs pour ses nombreux enregistrements en tant que chef d’orchestre. C’est là l’une des missions du disque que de faire découvrir des œuvres rarissimes au concert et nous ne remercierons jamais assez des éditeurs comme CPO de relever autant de défis, comme le démontrent l’intégrale réussie des sept Symphonies de Weingartner, réunies en un même coffret en 2014, mais également les autres enregistrements consacrés à ses Sextuor et Octuor (2007), puis ses cinq Quatuors à cordes (2008-2011), puis son Concerto pour violon (2009).


CPO s’attaque cette fois à L’Ecole du village, septième de ses neuf opéras, créé en 1920. Comme le jeune Carl Orff et son tout premier opéra Gisei (1913), Weingartner choisit la concision d’un ouvrage en un acte et porte son inspiration sur une partie d’une célèbre pièce de kabuki Sugawara Denju Tenarai Kagami (Miroir de l’art de la calligraphie transmis par le chancelier Sugawara). A l’instar d’Orff, l’action prend place lors d’un épisode fameux basé à Terakoya, l’école du Temple du village, où les vengeances familiales se trament sur fond de lutte pour le pouvoir impérial. Pour autant, Weingartner n’inclut aucun coloris exotique qui prendrait le risque de brosser un Orient de pacotille, restant dans le moule d’une inspiration néowagnérienne proche de Zemlinsky plus que de Strauss. Son accompagnement chambriste évite soigneusement toute emphase et se concentre sur un parlé-chanté éminemment théâtral, mais jamais fastidieux.

Donnés lors d’une même soirée au Deutsche Oper de Berlin en 2012, les ouvrages d’Orff et Weingartner ont été édités en même temps à la fin de l’année 2015. Si les deux enregistrements peuvent être comparés pour leur source commune, ils ne partagent curieusement que trois chanteurs en commun. On regrette cependant que l’ouvrage en un acte de Weingartner, très court avec ses à peine plus de quarante minutes de musique, n’ait pas été complété par une autre œuvre inédite du compositeur autrichien. Dommage aussi que la direction de Jacques Lacombe se montre bien trop sage à force d’attention aux détails, sans parvenir à donner davantage d’élan et de force dramatique à ses troupes. Reste que le plateau vocal homogène réuni convainc pleinement, dont se dégage tout particulièrement le timbre irradiant d’Elena Zhidkhova (Tonami).

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