On connaît finalement bien mal la musique de Michael Tippett
(1905-1998), rare au concert comme au disque. C’est donc avec un vif
intérêt que l’on découvre son troisième opéra, Le Roi Priam (1962), en une production télévisuelle de l’Opéra du Kent élaborée pour les 80 ans du compositeur en 1985 – et déjà éditée par Arthaus
en 2007. C’est alors Roger Norrington, aujourd’hui plus connu comme
artisan des interprétations sur instruments d’époque, qui dirigeait
l’une de ses dernières productions pour la compagnie basée à Ashford,
après quinze ans de bons et loyaux services. Tippett avait écrit
lui-même le livret de cet opéra composé pour l’inauguration de la
reconstruction de la cathédrale de Coventry en 1962, concomitamment à la
création du War Requiem de Britten, lui aussi sollicité pour la
même occasion. Aussi pacifiste que son cadet, Tippett choisit de
s’intéresser à une adaptation de L’Iliade centrée autour du
destin tragique de Pâris et des guerres troyennes, introduisant un
opportun chœur qui commente l’action, en plus des chanteurs. On est là
dans la période moderniste de Tippett, reconnaissable à l’importance
accordée aux percussions, aux recherches de sonorités nouvelles et aux
ruptures, autour d’un parlé-chanté vigoureux – le tout malheureusement
fatigant sur la durée à force d’exaltation outrée.
L’adaptation télévisuelle fait preuve d’une étonnante sobriété, parfois un peu «cheap», mais qui reste intemporelle avec ses masques, ses drapés simples et ses rares éléments de décor, tandis que la terre au sol, tout comme les corps masculins souvent dénudés, donnent une force brute très à-propos. L’insolite Hermès au corps entièrement doré achève ce tableau teinté d’irréel, imparfait mais fascinant, sans qu’aucun érotisme ne vienne troubler les joutes sanglantes, à l’instar de la conclusion de l’acte I. Le beau plateau vocal, quant à lui, s’avère d’une qualité globalement homogène, malgré le Pâris banal de Howard Haskin, heureusement compensé par l’incarnation toujours aussi éloquente de Sarah Walker dans le rôle d’Andromaque (voir aussi son interprétation dans l’oratorio A Child of Our Time, chef-d’œuvre de Tippett).
L’adaptation télévisuelle fait preuve d’une étonnante sobriété, parfois un peu «cheap», mais qui reste intemporelle avec ses masques, ses drapés simples et ses rares éléments de décor, tandis que la terre au sol, tout comme les corps masculins souvent dénudés, donnent une force brute très à-propos. L’insolite Hermès au corps entièrement doré achève ce tableau teinté d’irréel, imparfait mais fascinant, sans qu’aucun érotisme ne vienne troubler les joutes sanglantes, à l’instar de la conclusion de l’acte I. Le beau plateau vocal, quant à lui, s’avère d’une qualité globalement homogène, malgré le Pâris banal de Howard Haskin, heureusement compensé par l’incarnation toujours aussi éloquente de Sarah Walker dans le rôle d’Andromaque (voir aussi son interprétation dans l’oratorio A Child of Our Time, chef-d’œuvre de Tippett).
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