vendredi 21 septembre 2018

« Il Trionfo del Tempo e del Disinganno » de Georg Friedrich Händel - René Jacobs - Festival d'Ambronay - 15/09/2018

René Jacobs
En soirée, l’excitation palpable au sein de l’assistance fournie semble démontrer combien le retour de René Jacobs à l’Abbatiale est bienvenu: on retrouve en effet d’emblée toutes les qualités du chef flamand dans une direction enflammée dont aucun pupitre ne sort indemne à force d’attaques sèches, d’oppositions entre pupitres et de mise en valeur des couleurs individuelles. Outre cet engagement de tous les instants, on soulignera le choix d’un plateau vocal d’une grande pertinence, faisant la part belle à la jeunesse. Ainsi du formidable Tempo de Thomas Walker, jeune ténor britannique pourtant peu aguerri dans ce répertoire mais qui emporte l’adhésion avec sa force de projection, tout autant que son attention à la prononciation et ses subtilités de phrasé. Naturel et lumineux, le chant de Sunhae Im (Bellezza) n’est pas en reste, même si on pourra noter quelques approximations dans les accélérations, tout à fait excusables tant les prises de risque sont nombreuses. On se félicitera plus encore de l’irradiante Robin Johannsen (Piacere), très investie dans son rôle, au moyen d’une agréable rondeur d’émission et d’une interprétation de caractère. Assurément une chanteuse à suivre. Le cas de Benno Schachtner (Disinganno) est plus problématique, tant les décalages et les faussetés agacent dans les récitatifs en première partie. Il semble plus à l’aise ensuite, surtout dans les airs, manifestement mieux préparés.

Une fois encore, les chanteurs de René Jacobs évoluent dans une mise en espace discrète mais efficace, à même de donner un semblant d’enjeu à cette œuvre plus philosophique que dramatique. A l’instar de la belle soirée entendue à Pontoise voilà trois ans, ce tout premier oratorio de Haendel séduit à nouveau par la variété de son inspiration, presque frivole en première partie, plus recueillie ensuite. Le dernier quart d’heure de la partition donne à entendre un Jacobs très attentif au sens et plus inspiré que jamais, avant de faire durer l’ultime note de l’ouvrage à l’orgue en quelques secondes admirables de recueillement et d’intensité intérieure. L’ovation qui suit ne s’y trompe pas: chapeau l’artiste!

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