On a beau avoir entendu La Traviata (1853) plusieurs fois dans sa
vie, la redécouvrir dans le cadre du parc du château de Peralada
(Catalogne) est toujours un enchantement: après une journée torride, la
fraîcheur de la nuit apporte un réconfort bienvenu, également apprécié
par les cigognes qui ont trouvé refuge dans ce havre de verdure. Leurs
craquètements joyeux en témoignent, avant de rapidement disparaître dès
les premières mesures du drame: il faut dire que la direction de
Riccardo Frizza (né en 1971), toute de respiration et d’élégance,
appelle d’emblée à la concentration en offrant un écrin de toute beauté.
Très affûté, l’Orchestre de l’Opéra de Barcelone répond avec vivacité à
cette lecture légère et aérienne, toujours au service de la narration.
C’est là l’un des plus beaux atouts de la soirée, avec les solistes
réunis et l’impeccable Chœur Intermezzo, très précis dans ses
interventions. Peralada parvient en effet, au-delà des seconds rôles de
très bonne tenue (hormis le placement de voix perfectible de Carles Daza
dans le court rôle de Douphol), à réunir un trio vocal de premier plan,
indispensable à la réussite de toute Traviata. Ekaterina
Bakanova incarne une Violetta saisissante de vérité, imposant son
tempérament pendant toute la représentation, particulièrement au II.
Elle laisse entrevoir quelques imperfections techniques dans les
changements de registre au I et quelques aigus forcés, mais se rattrape
par de belles couleurs et quelques nuances bienvenues dans les piani.
A ses côtés, René Barbera (Alfredo) ne se distingue guère au niveau
dramatique – c’est un euphémisme – mais compense par une émission de
velours, aux phrasés toujours nobles. C’est plus encore Quinn Kelsey
(Giorgio) qui marque les esprits par son impact physique immédiat,
donnant à sa voix large une belle résonance. Il faut toutefois prendre
un peu de temps à s’habituer à son timbre particulier qui peut faire
croire à une émission voilée – heureusement en phase avec ce rôle de
père plus fragile qu’il n’y paraît, cerné par les remords en fin
d’ouvrage.
Dommage que la mise en scène très visuelle de Paco Azorín ne soit pas tout à fait à la hauteur de l’événement: non pas qu’elle manque de qualités, avec ses beaux costumes à l’ancienne discrètement modernisés et sa direction d’acteur nerveuse (surtout au niveau du chœur, grimé en meute décadente), mais elle n’aide guère à la compréhension de l’œuvre en plaçant les interprètes dans un décor unique pendant toute la représentation, incarné par quatre billards mouvants. Le démon du jeu, qui permet à Alfredo d’imaginer pouvoir reconquérir Violetta au II, est ainsi mis au centre de l’attention. Pourquoi pas. Mais qu’apportent le renversement de ces billards à la verticale et les acrobaties de comédiens dans les hauteurs, si ce n’est l’impression d’un gadget conçu pour le seul plaisir des yeux? Le texte d’intention du metteur en scène a beau insister sur la figure de Violetta comme femme forte, cela ne se traduit absolument pas dans la mise en scène, qui semble manquer d’idées au-delà du confort visuel susmentionné. Dommage.
Dommage que la mise en scène très visuelle de Paco Azorín ne soit pas tout à fait à la hauteur de l’événement: non pas qu’elle manque de qualités, avec ses beaux costumes à l’ancienne discrètement modernisés et sa direction d’acteur nerveuse (surtout au niveau du chœur, grimé en meute décadente), mais elle n’aide guère à la compréhension de l’œuvre en plaçant les interprètes dans un décor unique pendant toute la représentation, incarné par quatre billards mouvants. Le démon du jeu, qui permet à Alfredo d’imaginer pouvoir reconquérir Violetta au II, est ainsi mis au centre de l’attention. Pourquoi pas. Mais qu’apportent le renversement de ces billards à la verticale et les acrobaties de comédiens dans les hauteurs, si ce n’est l’impression d’un gadget conçu pour le seul plaisir des yeux? Le texte d’intention du metteur en scène a beau insister sur la figure de Violetta comme femme forte, cela ne se traduit absolument pas dans la mise en scène, qui semble manquer d’idées au-delà du confort visuel susmentionné. Dommage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire