jeudi 8 août 2019

Le Quatuor de Shanghai - Festival Pablo Casals à Prades - 06/08/2019

Prieuré de Serrabonne

Joyau de l’art roman, le prieuré de Serrabonne est investi chaque année par quelques concerts du Festival Pablo Casals, qui n’a pas manquer d’identifier sa parfaite acoustique. Il faudra prendre quelques minutes avant le concert pour déambuler dans la tribune aux nombreuses colonnes en marbre rose, surmontées de splendides chapiteaux sculptés, tous réalisés au XIIe siècle par l’atelier qui a notamment officié à l’abbaye Saint-Michel de Cuxà.

Le programme réunit avec beaucoup de pertinence de courtes pièces inachevées, toutes composées au XIXe siècle, dont la plus connue d’entre elle est l’unique mouvement du Douzième Quatuor (1820) de Schubert. Si l’Autrichien fut coutumier des ouvrages abandonnés, à l’instar de Mozart, il parvient en quelques mesures de pure grâce à nous emporter: il faut dire que le Quatuor de Shanghai est ici dans son répertoire de prédilection, faisant valoir une pulsation rythmique légère et aérienne, en un élan stimulant. L’acoustique très détaillée sert cette conception qui manque parfois de puissance au premier violon, mais qui emporte l’adhésion par son sens des nuances et des couleurs. Les interprètes se saisissent ensuite du Premier Quatuor (1889) de Rachmaninov, une œuvre de jeunesse qui rappelle parfois Mendelssohn, avec déjà un beau lyrisme.


Plus tôt, le Quatuor pour piano et cordes (1876) de Mahler semble lui aussi avoir fait grande impression sur le public avec ses thèmes entêtants et envoutants. C’est là aussi un ouvrage de jeunesse qui regarde vers le passé, mais qui démontre déjà toute la maîtrise du compositeur. Plus à l’aise que la veille, Silke Avenhaus évite tout sentimentalisme au service de phrasés félins, tandis que le violoncelle habité de Torleif Thedéen se distingue par un son riche, parfaitement épaulé par ses partenaires. La Sonate inachevée pour violon et piano de Saint-Saëns fait ensuite raisonner un ton plus badin, en une démonstration de virtuosité presque frivole, le tout mené par le piano de caractère d’Yves Henry. Avec Peter Schuhmayer, il s’amuse à nous faire entendre les premières mesures du second mouvement inachevé, habituellement écarté. Le concert se poursuit avec la Sonate pour alto et piano (1828) de Glinka, ici donnée dans sa version pour clarinette. Las, Isaac Rodriguez semble mal à l’aise tout du long, semble-t-il gêné par la moiteur qui règne dans le prieuré. Quelques problèmes de salive viennent voiler le son harmonieux de son instrument, aux sonorités moins généreuses que lors du concert de la veille. Dommage.

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