D’abord réduite au Théâtre des Hauts-de-Seine et à la Vieille église,
qui ont pu accueillir les manifestations des éphémères Rencontres
musicales de Puteaux (en 2008 et 2009),
l’offre musicale de la ville de Puteaux s’est enrichie depuis 2013 de
deux auditoriums (respectivement de 150 et 500 places), avec la
construction du somptueux Conservatoire Jean-Baptiste Lully. Bâti sur
les anciens terrains du Château de Puteaux, dont seuls quelques éléments
du portail ont été conservés en début de rue, le Conservatoire se situe
à quelques encablures de l’ancienne maison (aujourd’hui disparue) que
Lully occupait à l’occasion de ses haltes entre Versailles et Paris.
Aujourd’hui, on se réjouit de découvrir la vaste scène de la grande
salle, qui permet d’accueillir la cinquantaine de musiciens de
l’Orchestre national d’Ile-de-France (ONDIF), même si l’on peut
regretter qu’elle n’ait pas été conçue pour accueillir des spectacles
mis en scène, comme le prouve l’ajout d’éclairages complémentaires sur
les côtés. Quoi qu’il en soit, l’acoustique des lieux est on ne peut
plus satisfaisante, sans parler de la proximité avec les artistes, très
appréciée.
Le spectacle débute sur les chapeaux de roue avec l’adresse du chef
d’orchestre au public en allemand, avant que l’inénarrable Dino ne
vienne jouer les traducteurs farfelus. Pendant toute la soirée,
l’humoriste bien connu va s’amuser avec sa double casquette de maître de
cérémonie et de Roi maladroit, en un sens de la répartie des plus
réjouissants. Ses qualités d’improvisateur sont un régal constant,
notamment lorsqu’il entend un bébé dans le public et propose son échange
avec le nourrisson en plastique du spectacle !
Shirley et Dino |
A l’instar d’un Joël Pommerat inspiré par les contes (voir notamment l’adaptation de Pinocchio
en opéra par Philippe Boesmans), Shirley et Dino adaptent celui de la
Belle au bois dormant avec une bonne humeur communicative, en un
spectacle burlesque, accessible aux plus petits par ses nombreux gags
visuels. Les humoristes ont eu la bonne idée de s’appuyer sur la musique
de ballet composée en 1829 par Ferdinand Hérold (1791-1833),
compositeur aujourd’hui en grande partie méconnu du grand public, et ce
malgré ses incontestables réussites dans le genre (voir La Fille mal gardée donné à Garnier en 2015, puis à Covent Garden en 2016), sans parler de ses réussites lyriques (Zampa et Le Pré aux clercs à l’Opéra-Comique, repris respectivement en 2008 et en 2015).
Des plus trois heures de musique que comptait le
« ballet-pantomime-féerie » en quatre actes d’Hérold, première
adaptation musicale du célèbre conte, Hervé Niquet (ici remplacé par le
chef assistant de l’ONDIF, Georg Köhler) n’en garde qu’un tiers environ,
lors de la création du spectacle en 2011 au festival de Besançon. C’est
là une nouvelle association désopilante entre le chef français et
Shirley et Dino, qui s’étaient déjà illustrés avec le spectacle dédié à Don Quichotte chez la Duchesse de Boismortier.
Les humoristes sont épaulés par la compagnie de danseurs La Feuille
d’automne (dirigée par Philippe Lafeuille), qui n’a pas son pareil pour
associer excellence technique et humour, tout en se travestissant avec
les costumes délirants de Claire Niquet (élaborés par les ateliers de
l’Opéra de Tours, à l’instar des accessoires). On retrouve là les
plaisanteries visuelles qui font le sel de spectacles comme Tutu
(mis en scène par Philippe Lafeuille et en tournée actuellement) ou les
ballets Trockadero de Monte-Carlo – avec quelques incursions
délicieuses de Shirley dans les parties dansées, toujours aussi épatante
dans ses mimiques et maladresses.
Un spectacle vivement conseillé pour les fêtes de fin d’année, à voir en
famille pour découvrir ou redécouvrir l’humour bon enfant de Shirley et
Dino, associé à la musique aérienne de Hérold, superlativement mise en
valeur par l’ONDIF.
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