C’est toujours un plaisir de retrouver l’Orchestre français des jeunes
et ses membres enthousiastes, dont plusieurs affichent des sourires
complices tout du long du concert, le savourant comme si c’était le
premier. Un événement pour nombre d’entre eux, d’autant que le premier
morceau proposé, méconnu du grand public, ne leur facilite pas la
tâche : avec la Suite tirée du ballet Callirhoë (1888) de Cécile
Chaminade, on découvre pourtant une musique à l’orchestration gracieuse
et au ton bucolique. Entonnée par des appels de la trompette solo, très
en verve tout du long, la musique s’anime peu à peu, trouvant son point
d’orgue avec le « Pas des écharpes » (« tube » de la partition), aux
accents printaniers et orientalisants : si la conduite fluide et
narrative du récit évoque Grieg, on aurait aimé davantage de mordant et
de piquant dans la lecture un rien trop horizontale de Michael
Schønwandt. Le chef danois semble plus à l’aise dans l’étagement des
transparences féeriques du Scherzettino qui suit, au soyeux
délicat. Enfin, le « Pas des cymbales » montre davantage de caractère en
contraste, avec ses ruptures péremptoires, un rien trop massives par
endroit.
Le Concerto en sol (1932) de Ravel apporte davantage de vélocité
rythmique, en un ton assez vif, bien porté par le piano tout de
lisibilité d’Alexandre Tharaud. Celui‑ci se montre encore plus à l’aise
dans le mouvement lent évocateur – sommet de la partition, où sa
sensibilité à fleur de peau s’exprime sans excès. Tout du long,
Schønwandt impressionne par ses qualités d’accompagnateur, parvenant à
faire ressortir quelques passages en ralentissant le tempo et en
allégeant les textures, notamment l’échange enchanteur en sourdine au
célesta et à la harpe dans le premier mouvement. La délicatesse des
transitions, en contraste avec les ruptures, montre un chef toujours
attentif à la respiration des phrasés. En bis, le court mouvement
conclusif, aux verticalités explosives, est repris pour le grand bonheur
de l’assistance.
Donnée dans la foulée, sans entracte, la Quatrième Symphonie
(1878) de Tchaïkovski démarre sous les chapeaux de roue, avec son début
difficile pour les cors. Aucun accroc ne vient ensuite perturber le
concert, même si Schønwandt n’évite pas une certaine épaisseur dans les
tutti : ce sont davantage les variations de climat, avec une attention
inouïe aux transitions, qui semblent l’intéresser. Le chef danois
n’hésite pas à ralentir les tempi pour embrasser des phrasés d’une grâce
aérienne, admirablement suivis par ses jeunes troupes. Si le souffle
épique est davantage porté par les premiers violons, au détriment des
contrechants discrets, on aime la capacité de Schønwandt à imposer une
vision personnelle, sans brider l’élan juvénile de ses interprètes.
En bis, l’élan irrésistible du final de l’Arlésienne (1872) de Bizet conclut ce très beau concert.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
dimanche 27 août 2023
Concert de l'Orchestre français des jeunes - Alexandre Tharaud - Festival de la Chaise-Dieu - 25/08/2023
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