samedi 26 août 2023

Concert de l'Orchestre de l’Opéra de Lyon - Daniele Rustioni - Festival de la Chaise-Dieu - 24/08/2023

Pour sa cinquante-septième édition, le Festival de La Chaise‑Dieu accueille pour la première fois l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, à même de mettre en valeur les forces telluriques déployées par Wagner en seconde partie de concert. Avant l’entracte, la formation met un peu de temps à se chauffer dans le Second Concerto (1845) de Mendelssohn, peu aidée par un démarrage cafouilleux, entre décalage avec la soliste et sonorités trop doucereuses. On s’habitue peu à peu à la vision toute en mesure de Rustioni, qui fouille les détails de la partition en allégeant les textures. Ce tapis de velours offert à Francesca Dego, sa compagne à la ville, manque certes d’aspérités, mais permet au violon élégant de s’épanouir dans une lecture hédoniste, aux superbes sonorités. Les tenants d’un violon plus nerveux et bondissants en seront ici pour leur frais, Dego manquant manifestement d’épaisseur et de volume dans les tutti, ce qui est préjudiciable au dernier mouvement, plus virtuose.

Après l’entracte, on découvre l’étonnante « symphonie » appelée « Ring sans paroles », réalisée en 1987 par le chef d’orchestre Lorin Maazel, d’après les quatre opéras qui composent L’Anneau du Nibelung (1854‑1876) de Wagner. Sans ajouter une seule note de sa main, Maazel reprend certains passages tels quels, comme les premières notes fascinantes du Prélude de L’Or du Rhin, où la musique hypnotique et répétitive émerge peu à peu d’un magma en suspension, ou encore certains extraits bien connus des préludes, mais surprend plus encore par l’entremêlement des motifs issus des différents opéras, en un maelström sonore le plus souvent confié aux cuivres. Les rares moments d’apaisement confiés à la délicatesse des bois (évoquant les atmosphères bucoliques de la forêt) ou encore la mise en avant en solo du pupitre de violoncelles, sont rapidement balayés par le tempérament volcanique de Wagner, souvent mis en avant ici. Si l’acoustique de l’Abbatiale Saint‑Robert paraît parfois un rien trop compacte, Daniele Rustioni déjoue tous les pièges par son attention à la respiration et aux équilibres, évitant tout clinquant : son affinité avec ce répertoire prend toute sa mesure, comme nous l’avions déjà constaté récemment à Lyon, dans Tannhäuser. Jouées d’un seul tenant, à l’instar des derniers ouvrages lyriques de Wagner, les soixante‑dix minutes de ce « Ring sans paroles » ne manquent pas d’impressionner par leur emphase spectaculaire, digne du maître de Bayreuth.

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