Créée en 2021, la production de La Nuit de Noël (1895) fait un
retour attendu à Francfort pour les fêtes de fin d’année, à guichets
fermés : c’est là un événement, tant ce spectacle récompensé par le
magazine Opernwelt (meilleure production) se montre réjouissant
de bout en bout, en embrassant d’une fantaisie lumineuse les multiples
atmosphères voulues par Rimski‑Korsakov. Ce cinquième ouvrage lyrique
montre le compositeur russe au sommet de ses moyens, notamment en
matière de richesse des coloris dévolus à l’orchestre. Que dire, aussi,
de sa capacité à varier les styles, des ambiances fantastiques et
aériennes dévolues au diable et à la sorcière, déjà audibles dans
l’Ouverture, en contraste avec les musiques populaires villageoises
entonnées par les deux tourtereaux Vakoula et Oxana, sans parler du
chœur, très impliqué tout du long dans l’action. On aime aussi les
raideurs majestueuses des scènes plus cuivrées à la cour impériale, y
compris le ballet très réussi, qui viennent compléter ce riche tableau :
de quoi démontrer, s’il en était besoin, toute la variété d’inspiration
et de coloris dont Rimski-Korsakov sait nous régaler, en maitre
toujours inspiré par les contes (ici adapté de Gogol).
Contrairement à son titre trompeur, La Nuit de Noël fait référence au mythe païen qui vient célébrer le solstice d’hiver et par extension le triomphe de la lune sur le soleil. L’avènement de ce symbole féminin par excellence sert de prétexte aux librettistes pour concocter une savoureuse pochade, où les femmes jubilent : ainsi de la sorcière nymphomane Solokha, qui mène Diable et soupirants par le bout du nez lors d’une scène irrésistible de drôlerie loufoque, cachant de sac en sac ses amants toujours plus encombrants. Sa fille Oxana constitue son exact opposé, ici grimée en Chaperon rouge pour rappeler symboliquement sa peur de la confrontation sexuelle avec son partenaire, sans cesse éconduit. Enfin, la tsarine ressemble à s’y méprendre à Catherine II, en lien avec les intentions voilées de Rimski‑Korsakov : la mise en scène brosse là aussi un personnage haut en couleurs, ivre de son aura et de son pouvoir de séduction, face au joli cœur Vakoula.
Contrairement à son titre trompeur, La Nuit de Noël fait référence au mythe païen qui vient célébrer le solstice d’hiver et par extension le triomphe de la lune sur le soleil. L’avènement de ce symbole féminin par excellence sert de prétexte aux librettistes pour concocter une savoureuse pochade, où les femmes jubilent : ainsi de la sorcière nymphomane Solokha, qui mène Diable et soupirants par le bout du nez lors d’une scène irrésistible de drôlerie loufoque, cachant de sac en sac ses amants toujours plus encombrants. Sa fille Oxana constitue son exact opposé, ici grimée en Chaperon rouge pour rappeler symboliquement sa peur de la confrontation sexuelle avec son partenaire, sans cesse éconduit. Enfin, la tsarine ressemble à s’y méprendre à Catherine II, en lien avec les intentions voilées de Rimski‑Korsakov : la mise en scène brosse là aussi un personnage haut en couleurs, ivre de son aura et de son pouvoir de séduction, face au joli cœur Vakoula.
Christof Loy s’amuse à revisiter son décor unique pendant toute la
représentation, d’une blancheur immaculée, figurant initialement les
ambiances fantastiques à l’aide d’un voilage cosmique et de quelques
voltiges des interprètes dans les airs. Mais c’est surtout par sa
direction d’acteurs qu’il fait mouche, en faisant du moindre second
rôle, y compris le chœur, un personnage doté d’un caractère propre,
entre tendresse et malice : de quoi donner une consistance drolatique
aux scènes villageoises ou impériales, toutes très réussies. Quelques
surprises viennent aussi émailler le récit de saynètes décalées et
poétiques, comme cette ravissante danse entre une ballerine et un ours,
toute de grâce et de balourdise réunies.
Le plateau vocal montre une belle tenue, malgré quelques réserves. Ainsi de Georgy Vasiliev (Vakoula), dont les phrasés nobles et élégants compensent une projection un rien trop modeste par endroit, tandis que Julia Muzychenko (Oxana) fait valoir un timbre lumineux et éclatant, malheureusement desservi par quelques duretés dans les changements de registre (dans le suraigu, surtout). On lui préfère la Solokha d’Enkelejda Shkoza, aux graves généreux et mordants d’intention, très à l’aise dans ses reparties comiques. A ses côtés, Inho Jeong (Tchoub) fait valoir des qualités de diction et de présence dramatique, plus convaincantes que celles du Diable un peu débraillé d’Andrei Popov. Outre la superlative Tsarine incarnée par Bianca Andrew, on mentionnera le très réussi duo comique des commères villageoises, à l’inverse d’un chœur local parfois un rien trop pâle dans ces différentes interventions.
Enfin, le chef japonais Takeshi Moriuchi montre tous les progrès accomplis depuis ses débuts à Francfort voilà quatre ans, tout particulièrement dans les passages mâtinés d’influences wagnériennes, tous étagés en une mélancolie délicieusement évocatrice. Si les parties plus populaires doivent encore gagner en relief pour pleinement nous emporter, l’articulation entre fosse et plateau est une réussite décisive, fêtée à juste titre par un public chaleureux au moment des saluts.
Le plateau vocal montre une belle tenue, malgré quelques réserves. Ainsi de Georgy Vasiliev (Vakoula), dont les phrasés nobles et élégants compensent une projection un rien trop modeste par endroit, tandis que Julia Muzychenko (Oxana) fait valoir un timbre lumineux et éclatant, malheureusement desservi par quelques duretés dans les changements de registre (dans le suraigu, surtout). On lui préfère la Solokha d’Enkelejda Shkoza, aux graves généreux et mordants d’intention, très à l’aise dans ses reparties comiques. A ses côtés, Inho Jeong (Tchoub) fait valoir des qualités de diction et de présence dramatique, plus convaincantes que celles du Diable un peu débraillé d’Andrei Popov. Outre la superlative Tsarine incarnée par Bianca Andrew, on mentionnera le très réussi duo comique des commères villageoises, à l’inverse d’un chœur local parfois un rien trop pâle dans ces différentes interventions.
Enfin, le chef japonais Takeshi Moriuchi montre tous les progrès accomplis depuis ses débuts à Francfort voilà quatre ans, tout particulièrement dans les passages mâtinés d’influences wagnériennes, tous étagés en une mélancolie délicieusement évocatrice. Si les parties plus populaires doivent encore gagner en relief pour pleinement nous emporter, l’articulation entre fosse et plateau est une réussite décisive, fêtée à juste titre par un public chaleureux au moment des saluts.
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