samedi 4 janvier 2025

« Grisélidis » de Jules Massenet - Jean-Marie Zeitouni - Disque Palazzetto Bru Zane

 

Les équipes du Palazzetto Bru Zane poursuivent leur exploration du legs lyrique considérable et protéiforme de Massenet, en exhumant la rare fantaisie médiévale Grisélidis (1901). Après les versions de concert données à Paris et Montpellier, on retrouve l’ouvrage gravé dans la collection de livre‑disques « Opéra français », toujours aussi richement documentée dans ses textes de présentation et son iconographie. Il faut dans un premier temps passer sur l’ineptie du livret pour savourer toute l’expression lumineuse de Massenet, qui semble inspiré de bout en bout par ce conte drolatique. L’économie de moyens de l’orchestration, harmoniquement délicieuse et raffinée, fait ainsi la part belle à l’inspiration mélodique dans les passages romantiques en s’opposant admirablement aux savoureuses diableries comiques.

C’est bien le personnage du diable et sa coloration musicale, aux verticalités agiles et frémissantes, qui fait tout le prix de cet ouvrage aussi fluide que varié. Comme à l’habitude, Bru Zane met l’accent sur la prononciation, en choisissant des chanteur rompus en ce domaine. On ne pouvait sans doute rêver meilleur interprète que Tassis Christoyannis, qui fait oublier un timbre de plus en plus charbonneux pour jouer un désopilant diable d’opérette, aussi roublard pour échapper à sa femme que vil tentateur pour faire plier la droiture de Grisélidis. En dehors de la superlative Antoinette Dennefeld (Fiamina), au rôle essentiellement théâtral, Vannina Santoni (Grisélidis) se distingue par l’élégance de ses phrasés, d’une parfaite homogénéité sur toute la tessiture. Le solide Thomas Dolié n’est pas en reste dans le rôle du Marquis, mais c’est peut‑être plus encore Julien Dran qui séduit par la clarté de son timbre et son émission souveraine. Tous les seconds rôles sont parfaitement distribués, tandis que le chef québécois Jean‑Marie Zeitouni se joue de toutes les variations d’atmosphère sans ostentation, en tirant le meilleur de l’Orchestre national Montpellier Occitanie (desservi, toutefois, par une captation un peu lointaine).

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