samedi 20 juin 2015

« Les Martyrs » de Gaetano Donizetti - Mark Elder - Disque Opera Rara


Fondé à la fin des années 1970 pour permettre l’édition de raretés absolues du répertoire belcantiste, Opera Rara a jeté son dévolu sur des compositeurs aussi délaissés que Mercadante, Pacini ou Mayr, tout en offrant un éclairage inédit sur des œuvres inconnues de Donizetti, ceci afin de faire connaître le grand maître au-delà de la dizaine d’ouvrages encore montés de nos jours. Parmi les plus de soixante-dix opéras écrits tout au long de sa carrière, l’éditeur britannique en est déjà à son vingt-quatrième enregistrement, incarné ce mois-ci par Les Martyrs, grand opéra créé en 1840 pour conquérir Paris, capitale lyrique alors incontournable. Cette œuvre est en réalité l’adaptation française de Poliuto, transformé par Scribe en quatre actes avec l’ajout d’éléments tirés de l’œuvre éponyme de Chateaubriand en 1809. Donizetti n’en oublie pas de «franciser» l’ouvrage en recomposant tous les récitatifs, un nouveau finale à l’acte I, ou encore en ajoutant de nombreux airs, trios et danses.

Si l’on doit au chef britannique David Parry d’innombrables enregistrements parus chez Opera Rara, son compatriote Mark Elder n’est pas en reste depuis sa nomination récente à la direction artistique de cet éditeur. C’est principalement Donizetti qui fonde l’intérêt de l’actuel chef principal de l’Orchestre Hallé de Manchester, dont toute la fougue se retrouve dans cet enregistrement, autour d’attaques franches à l’orchestre et d’un tempo allant. L’originale ouverture avec insertion du chœur sur la fin est un régal de mise en place et d’équilibre. Côté solistes, le plateau est dominé sans conteste par un impérial Michael Spyres (Polyeucte), toujours aussi à l’aise dans la diction de notre langue – même si l’on peut remarquer dans cet enregistrement une désagréable propension à rouler les r. Son engagement éloquent et son timbre chaleureux apportent beaucoup à ce disque. Dommage que Joyce El-Khoury (Pauline) ait bien du mal à contrôler son organe puissant, particulièrement ses aigus criards.


Outre l’impeccable Opera Rara Chorus, à la prononciation très correcte, un superlatif Félix incarné par Brindley Sherratt ravit à chacune de ses apparitions. Si la prise de son manque de chaleur, on regrettera aussi des seconds rôles tout justes corrects. Reste à mentionner la qualité du livret, richement illustré au niveau iconographique et longuement documenté. Une belle somme pour parfaire la pleine découverte de l’œuvre de Donizetti.

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