samedi 13 juin 2015

« New seasons » - Oeuvres de Philip Glass, Arvo Pärt, Giya Kancheli et Shigeru Umebayashi - Gidon Kremer - Disque Deutsche Grammophon



Plus de vingt ans après avoir consacré un disque au Premier Concerto de Philip Glass, déjà chez Deutsche Grammophon, Gidon Kremer s’intéresse de nouveau au compositeur américain, toujours passionné par la forme du concerto. C’est en réalité le troisième concerto pour violon de Glass, le compositeur ayant choisi de détruire le tout premier composé en 1960, alors qu’il étudiait sous la férule de Darius Milhaud. Né en 1937, il a très vite embrassé le courant minimaliste, en devenant l’un de ses représentants emblématiques avec Steve Reich. Si le Concerto pour violon de 1987 en porte la marque profonde avec ses scansions entêtantes, le dernier-né s’en éloigne quelque peu en adoptant un style plus épuré, au lyrisme contenu, mais toujours très accessible. L’orchestration légère offre un rôle de tout premier plan au soliste, tandis que l’atmosphère globalement sombre ne perd jamais de vue son caractère évocateur.

Si l’intérêt du Letton Gidon Kremer n’est sans doute pas étranger aux origines lituaniennes de Glass (rapprochant ainsi une fois encore les pays baltes), il nous permet de nous délecter de son archer tout en sensibilité, qui fait merveille ici. Pas étonnant, dès lors, de retrouver aussi son compatriote Arvo Pärt (né en 1935) au programme, dans un court clin d’œil où les pizzicati de Kremer nous révèlent une Berceuse estonienne savoureuse, accompagné du Chœur de filles «Liepaitės» de Vilnius. Autre apport surprenant avec le thème immédiatement identifiable du film Yumeji (1991), repris et popularisé en 2000 par le film In the Mood for Love de Wong Kar-wai. Ici encore, Kremer n’a pas son pareil pour apporter un peu plus d’intérêt à cette pièce très simple de Shigeru Umebayashi (né en 1951), au minimalisme en phase avec les autres œuvres gravées sur ce disque.


C’est aussi l’occasion de faire connaître plus encore l’œuvre de Giya Kancheli (né en 1935), compositeur géorgien des plus intéressants. Ecrit en 2006, son Ex contrario, d’une ampleur conséquente avec son unique mouvement de près de trente minutes, fait la part belle aux cordes en nous emportant vers des ambiances mélancoliques, volontiers épurées là aussi. La mélodie s’étire doucement, sans jamais ennuyer, jouant sur les timbres (le clavecin apportant ainsi une étrangeté bienvenue) et d’infimes variations. Une tristesse aux accents mahlériens conclut cette très belle œuvre, offrant un intérêt supplémentaire à cette publication aux côtés du très réussi nouveau concerto de Glass. Avec l’interprétation idéale de Kremer et son ensemble Kremerata Baltica, ce disque en comblera plus d’un.

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