vendredi 5 juin 2015

« Otello » de Giuseppe Verdi - Renée Fleming - Semyon Bychkov - DVD Decca


Pas de surprise à attendre, une fois encore, de cette production tout droit venue du Metropolitan Opera en 2012. Outre-Atlantique, la recette à succès est toujours la même: une mise en scène fidèle à l’œuvre (pas de Regietheater à l’allemande) et des grandes stars capables de remplir l’immense salle de près de 4000 places. A ce jeu-là, on ne sera pas bousculé par la sage production d’Elijah Moshinsky, convoquant capes et épées autour d’un véritable ballet chorégraphique parfaitement réglé, sans jamais se départir d’une veine réaliste et littérale aussi confortable que prévisible. Les hommes ferraillent vaillamment d’un côté, avant que ne résonne le son de la mandoline autour de Desdemona distribuant des fleurs autour d’elle. Rien de bien passionnant dans cette mise en scène trop raisonnable.

Fort heureusement, le plateau vocal réuni apporte beaucoup de satisfaction, au premier rang desquelles l’impériale Desdémone de Renée Fleming, au timbre toujours aussi gorgé de soleil et d’un soyeux ensorcelant. Une interprète qui vit pleinement son rôle avec un engagement éloquent, même si elle est toujours à la limite d’en faire un peu trop. A ses côtés, Falk Struckmann est tout autant passionné par son personnage de Iago, bousculant ses propres limites vocales. Son manque de couleurs n’est pas gênant tant il semble en phase avec le rôle. Rien de tel pour le puissant ténor sud-africain Johan Botha (Othello), très agile vocalement et très constant pendant toute la soirée. On n’en dira pas autant de son jeu scénique limité – astucieusement masqué par la réalisation vidéographique qui montre souvent ses comparses lors de ses différentes interventions.


Les excellents seconds rôles n’apportent que des louanges, tandis que la direction nerveuse et tranchante de Semyon Bychkov donne un vibrant caractère aux scènes guerrières ou à l’aria Vanne! La tua meta già vedo de Iago, au début du II. Le chef n’en oublie pas pour autant de se montrer plus délicat dans les scènes poignantes – même si la prise de son ne lui rend que faiblement justice. De même, le chœur et les ensembles laissent percevoir des déséquilibres dans la captation sonore. On pourra aussi faire l’impasse sur le court et anecdotique bonus (près de dix minutes) où la soprano Sondra Radvanovsky interroge ses collègues en coulisse lors de la soirée. Une production à découvrir pour les seules voix.

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