vendredi 12 juin 2015

« Silvana » de Carl Maria von Weber - Ulf Schirmer - Disque CPO


Sentiment ambivalent à la découverte de la Silvana de Carl Maria von Weber (1786-1826), une œuvre de jeunesse composée en 1810, la même année que son délicieux singspiel en un acte, Abu Hassan. A bien des égards passionnant, Silvana mériterait de faire son retour sur les planches avec une distribution cependant plus convaincante que celle réunie sur ce disque. Les premiers morceaux dévolus à l’orchestre et au chœur permettent en effet de comprendre immédiatement pourquoi cet opéra comique rencontra un vif succès à sa création, avec son mélange savoureux d’airs et d’ensembles variés, sans oublier de nombreuses musiques populaires, tels les chœurs des chasseurs rappelant furieusement Haydn (tout comme l’Ouverture!). On se délecte aussi d’un très original finale au premier acte se concluant pianissimo, ou encore de son équivalent beaucoup plus élaboré au II, même si l’acte III perd quelque peu en inspiration.


Il faut dire que cette Silvana eut une gestation difficile, Weber réutilisant des parties d’un ancien opéra de jeunesse composé à seulement douze ans, Le Pouvoir de l’amour et du vin, aujourd’hui perdu), tout en retravaillant le livret avec Franz Carl Hiemer. Si l’opéra comporte, à l’instar de La Muette de Portici d’Auber, un rôle-titre de sauvageonne muette, on pourra aussi noter un certain déséquilibre dans la construction globale, le I étant principalement dévolu au chœur accompagnant les tribulations désopilantes de Rudolf et son écuyer Krips, tandis que le II permet l’entrée de sa promise Mechtilde, très présente, et son père le comte Adelhart.


Le plateau vocal de bon niveau déçoit dès lors que les interprètes doivent monter dans l’aigu. C’est principalement notable pour le musical Rudolf de Ferdinand von Bothmer et la Mechtilde de Michaela Kaune. Egalement en difficulté dans ses vocalises, cette dernière compense ses faiblesses par un chant de caractère, particulièrement notable dans son air «
Weh mir, es ist geschehen», l’un des sommets de la partition. A ses côtés, on retiendra surtout un impeccable Detlef Roth (Adelhart), tandis que Simon Pauly (Krips) se distingue par une belle diction. Habituel défenseur du répertoire germanique chez CPO (voir notamment Intermezzo de Strauss et Le Fils du prince de Lehár, gravés récemment), Ulf Schirmer conduit ses troupes munichoises avec un sens de l’équilibre toujours à propos, même si on aimerait parfois, ici et là, davantage d’emportement.


Une bonne version d’attente en somme, mais pas encore la référence pour cette œuvre, ici imparfaitement défendue par les voix.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire