dimanche 7 juin 2015

« Symphonies 1 à 4 » de Salomon Jadassohn - Howard Griffiths - Disque CPO


Rapidement oubliée après sa mort, la musique de Solomon Jadassohn (1831-1902) nous revient avec l’enregistrement de l’intégrale de ses quatre Symphonies, composées entre 1861 et 1889. Théoricien respecté, Jadassohn fut l’une des grandes figures de l’enseignement musical à Leipzig à la fin du XIXe siècle, aux côtés de Carl Reinecke. Résolument conservatrice, sa musique porte l’empreinte de Mendelssohn et surtout de Schumann, en privilégiant la grande forme équilibrée et la mélodie. Ses deux premières symphonies, composées à quatre ans d’intervalle, offrent le regard insouciant d’un geste influencé par Schubert, brillant et sautillant, empreint de légèreté. Très optimistes, ces deux œuvres laissent une part importante à des passages dansants, tandis que la Marche funèbre de la Première Symphonie se tourne davantage vers l’exemple de Beethoven. La Deuxième Symphonie (d’une durée d’un peu moins de 30 minutes, contrairement à ce qu’affirme par erreur le livret) reste sous les mêmes auspices joyeux, insufflant une énergie mélodique portée par des premiers violons omniprésents. Véritable constante dans l’orchestration symphonique de Jadassohn, cette propension déçoit tant elle ne laisse qu’une faible part à la poésie des bois ou aux possibilités lyriques des cuivres. On notera néanmoins dans cette symphonie un bel Andante, très élaboré.

Les deux dernières symphonies montrent un Jadassohn volontiers plus sombre, comme le prouvent à la fois le choix du mode mineur et l’ajout de trois trombones dans l’orchestre. La Troisième (1876) se montre ainsi très inspirée, variant un peu plus son orchestration, tandis que le Menuet surprend par son charme répétitif quasi hypnotique. Plus décevante, la dernière symphonie de 1889 n’apporte rien à la gloire de son auteur, manifestement sans idées marquantes et toujours empêtré dans son incapacité à se confronter à ses contemporains plus audacieux, tels Bruckner ou Strauss. Seule la figure sereine de Brahms semble se refléter en de lyriques et charmantes Cavatines pour violon (1882) et violoncelle (1894, sa dernière œuvre orchestrale) gravées en complément des symphonies.


Idéalement capté, ce disque bénéficie par ailleurs de la direction très détaillée, à la rythmique implacable, de Howard Griffiths. Une nouvelle réussite après ses excellentes gravures des symphonies de Ferdinand Ries et Franz Danzi.

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