Yan Pascal Tortelier |
Quelques jours après avoir proposé une version de concert de Pelléas et Mélisande
en ouverture de saison, l’Orchestre symphonique de Montréal retrouvait
sa résidence place des Arts, dans la toute nouvelle salle ultramoderne
inaugurée voilà quatre ans. Avec pas moins de 2100 places, cette salle
en forme de «boîte à chaussures» surprend d’emblée par son acoustique
dotée d’une forte résonance, rappelant celle de la salle Pleyel d’avant
la rénovation de 2006.
Le programme débute par l’Adagio de la Troisième Symphonie de Krzysztof Penderecki, mené par le compositeur lui-même à la baguette. Si la présence du maître polonais est à saluer, on ne pourra que s’étonner du choix d’interpréter une infime partie de cette œuvre composée entre 1988 et 1995. A peine quinze minutes pour un mouvement certes réussi – dans la lignée de Chostakovitch et du retour au postromantisme effectué par Penderecki à la fin des années 1970 – mais dont la direction déçoit par une prudence et un manque d’imagination constants. L’ambiance sombre, dans cette version pour cordes seules, se noie ainsi dans un tempo trop lent et finalement bien ennuyeux.
Avec Sibelius, on change de chef et l’on n’y perd pas au change: place à Yan Pascal Tortelier et au violoniste Ray Chen, tous deux réunis pour une lecture assez déroutante du célèbre Concerto pour violon. Là où le chef français déroule un accompagnement de velours, écrin splendide tel un murmure en plusieurs passages, Chen affiche une interprétation plus dramatique, volontiers romantique dans ses accents mariant habilement couleurs et virtuosité maîtrisée – un rien sentimental dans l’Adagio. Si les deux conceptions peinent à réellement dialoguer, on reste saisi par la respiration sereine de l’orchestre, allégé et dénervé. Un rien séquentielle, l’optique de Tortelier semble faire écho aux élégantes transparences recherchées par Sibelius lui-même dans les Troisième et Septième Symphonies. Vivement applaudi, à l’instar de Penderecki, Ray Chen choisit le Caprice n° 21 de Paganini pour s’offrir les vivats d’un public visiblement conquis, pardonnant de bon gré quelques infimes failles dans l’aigu.
Après la pause, c’est un orchestre du XXe siècle au grand complet que l’on retrouve pour la Deuxième Symphonie de Rachmaninov. Là encore, Tortelier allège les textures, supprimant tout vibrato aux cordes pour imprimer un tempo assez vif. Le Français n’a cure des motifs mélodiques superbes de Rachmaninov, mis au second plan au profit de variations de climat qui jouent sur les effets de surprise mais renforcent plus encore l’aspect séquentiel précédemment observé. Entre sauvageries inattendues et geste péremptoire, Tortelier avance, ôtant toute émotion au superbe Adagio, cœur de l’œuvre. L’orchestre, d’une précision remarquable, n’est pas en cause. C’est bien Tortelier qui marche ici dans la manière tranchante de Paul Paray, longtemps chef de l’Orchestre symphonique de Detroit. Si le dernier mouvement convient mieux à cette lecture, rapprochant les éléments épars pour les entrecroiser de manière virtuose, Tortelier n’évite pas quelques huées et un public pressé de partir à l’issue du concert.
Rapidement, de manière surprenante, le chef fait signe à la salle et s’adresse à tous dans un silence recueilli: «C’est un rêve de travailler avec cet orchestre» commence-t-il. Le véritable sujet de son intervention est ailleurs, l’homme vient de perdre sa mère, Maud Martin (1926-2015), et a tenu à jouer pour lui rendre hommage. Moment d’émotion lorsque Tortelier rappelle que son nom illustre cache une autre musicienne, selon lui tout aussi talentueuse. Elle rejoint ainsi son mari Paul Tortelier (1914-1990).
Le programme débute par l’Adagio de la Troisième Symphonie de Krzysztof Penderecki, mené par le compositeur lui-même à la baguette. Si la présence du maître polonais est à saluer, on ne pourra que s’étonner du choix d’interpréter une infime partie de cette œuvre composée entre 1988 et 1995. A peine quinze minutes pour un mouvement certes réussi – dans la lignée de Chostakovitch et du retour au postromantisme effectué par Penderecki à la fin des années 1970 – mais dont la direction déçoit par une prudence et un manque d’imagination constants. L’ambiance sombre, dans cette version pour cordes seules, se noie ainsi dans un tempo trop lent et finalement bien ennuyeux.
Avec Sibelius, on change de chef et l’on n’y perd pas au change: place à Yan Pascal Tortelier et au violoniste Ray Chen, tous deux réunis pour une lecture assez déroutante du célèbre Concerto pour violon. Là où le chef français déroule un accompagnement de velours, écrin splendide tel un murmure en plusieurs passages, Chen affiche une interprétation plus dramatique, volontiers romantique dans ses accents mariant habilement couleurs et virtuosité maîtrisée – un rien sentimental dans l’Adagio. Si les deux conceptions peinent à réellement dialoguer, on reste saisi par la respiration sereine de l’orchestre, allégé et dénervé. Un rien séquentielle, l’optique de Tortelier semble faire écho aux élégantes transparences recherchées par Sibelius lui-même dans les Troisième et Septième Symphonies. Vivement applaudi, à l’instar de Penderecki, Ray Chen choisit le Caprice n° 21 de Paganini pour s’offrir les vivats d’un public visiblement conquis, pardonnant de bon gré quelques infimes failles dans l’aigu.
Après la pause, c’est un orchestre du XXe siècle au grand complet que l’on retrouve pour la Deuxième Symphonie de Rachmaninov. Là encore, Tortelier allège les textures, supprimant tout vibrato aux cordes pour imprimer un tempo assez vif. Le Français n’a cure des motifs mélodiques superbes de Rachmaninov, mis au second plan au profit de variations de climat qui jouent sur les effets de surprise mais renforcent plus encore l’aspect séquentiel précédemment observé. Entre sauvageries inattendues et geste péremptoire, Tortelier avance, ôtant toute émotion au superbe Adagio, cœur de l’œuvre. L’orchestre, d’une précision remarquable, n’est pas en cause. C’est bien Tortelier qui marche ici dans la manière tranchante de Paul Paray, longtemps chef de l’Orchestre symphonique de Detroit. Si le dernier mouvement convient mieux à cette lecture, rapprochant les éléments épars pour les entrecroiser de manière virtuose, Tortelier n’évite pas quelques huées et un public pressé de partir à l’issue du concert.
Rapidement, de manière surprenante, le chef fait signe à la salle et s’adresse à tous dans un silence recueilli: «C’est un rêve de travailler avec cet orchestre» commence-t-il. Le véritable sujet de son intervention est ailleurs, l’homme vient de perdre sa mère, Maud Martin (1926-2015), et a tenu à jouer pour lui rendre hommage. Moment d’émotion lorsque Tortelier rappelle que son nom illustre cache une autre musicienne, selon lui tout aussi talentueuse. Elle rejoint ainsi son mari Paul Tortelier (1914-1990).
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