mardi 1 septembre 2015

Concerts de Hervé Niquet - Oeuvres de Couperin, Charpentier, Delalande, Lochon, Chein, Haendel et Corelli - Sinfonia en Périgord - 29/08/2015

Et déjà le vingt-cinquième anniversaire pour le festival Sinfonia en Périgord! Basée à Périgueux, la manifestation permet de découvrir chaque été la capitale de la Dordogne en ses multiples facettes, de la découverte du vieux centre et ses charmantes places ombragées, aux très belles églises qui jalonnent toute la ville. A quelques minutes en voiture du centre, l’abbaye de Chancelade accueille aussi plusieurs concerts, donnant l’occasion de découvrir un havre de paix à l’acoustique particulièrement flatteuse du fait de l’étroitesse de la nef où se déroulent les concerts. On retrouve ainsi la forme en «boîte à chaussures» souvent encensée par les meilleurs spécialistes à travers le monde, autour d’une petite jauge intimiste et recueillie, pour un concert de musique religieuse française au temps de Louis XIV. Parmi les «tubes» de ce répertoire, les trois Leçons de ténèbres de François Couperin (1668-1733), chef-d’œuvre bien connu de leur auteur, sont données avec beaucoup de grâce par les six chanteuses ici réunies, toutes parfaites. Hervé Niquet dirige à l’orgue un ensemble réduit avec des tempi allants, imprimant au superbe Miserere de Michel-Richard Delalande (1657-1726) une belle vitalité: il est vivement applaudi à l’issue de ce concert varié par quelques brefs extraits de pièces instrumentales baroques.

Changement d’atmosphère et de répertoire le lendemain dans le ravissant parc Gamenson au nord-est de la ville. Hervé Niquet officie toujours à la baguette, cette fois entouré d’un ensemble plus fourni mais encore insuffisamment pour surmonter les difficultés habituelles d’un concert en plein air, non sonorisé. C’est d’autant plus regrettable que les œuvres abordées, des Water Music (1717-1736) à la Fireworks Music (1749) de Haendel, ont été écrites pour des festivités royales rassemblant une pléthore d’interprètes chargés d’impressionner l’auditoire rassemblé pour l’occasion. Ici, les vingt cordes et dix vents répondent aux cors et trompettes par trois – ces deux derniers groupes s’opposant en écho à gauche et à droite de la scène. Si les extraits de ces œuvres célèbres de Haendel ravissent par leur irrésistible séduction mélodique, elles reposent aussi sur des cuivres capables d’en affronter les redoutables difficultés techniques. Las, les cors déçoivent par une justesse très relative, tandis que les trompettes se montrent plus à leur aise.


Il faut dire que Niquet impose, comme souvent, un tempo des plus vifs dans les passages rapides, même s’il ralentit quelque peu dans les rares mouvements plus apaisés. On aimerait ainsi, ici ou là, davantage de respiration et de variation dans cette battue un rien trop mécanique. Seul le bref morceau de Corelli apporte un semblant de poésie à ce concert finalement assez court, conclu en bis par le thème du «Joyeux anniversaire» entonné par l’orchestre pour fêter l’événement. Ajoutons enfin une mention particulière aux nombreuses pyrotechnies élaborées pour l’occasion derrière l’orchestre. Simples et efficaces, elles permettent de mettre en valeur le parc et son relief romantique d’arbres vénérables, tous illuminés indirectement par les feux multiples. De quoi animer plus encore cette belle nuit d’été sous les ors de la musique de Haendel.

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