Yannick Nézet-Séguin |
Le lendemain de sa rentrée avec Madame Butterfly,
l’Orchestre Métropolitain investissait cette fois la «petite» salle de
la Maison symphonique de Montréal avec son chef principal Yannick
Nézet-Séguin à la baguette. Lors d’une brève présentation
d’avant-concert, l’occasion nous était donnée d’apprendre son
renouvellement jusqu’en 2021, ainsi que l’enregistrement dans les
conditions du direct de la Deuxième Symphonie de Bruckner jouée en seconde partie de concert. Il s’agit en effet de poursuivre l’intégrale éditée par Atma Classique depuis 2007, dont ConcertoNet s’est fait largement l’écho en des avis contrastés (voir les différents comptes rendus concernant successivement les Septième, Neuvième, Quatrième et Sixième symphonies). Il ne restera donc plus à graver que les Première et Cinquième,
à moins que le chef québécois ne choisisse de s’intéresser aux plus
rares symphonies dites «00» (1863) et «0» (1869), toutes deux rejetées
par le compositeur lui-même.
Un Nézet-Séguin décidément passionné par la musique du maître de Saint-Florian, puisqu’il a également interprété cet été, au festival de la Renaudière puis à Salzbourg, la Messe en fa mineur (1868). Rien d’étonnant à cela tant de nombreuses citations font apparaître une parenté évidente entre cette messe et la Deuxième Symphonie (1872, révisée en 1876 et 1877), toutes deux contemporaines. Entre les différentes versions de cette symphonie dédiée à Liszt, Yannick Nézet-Séguin choisit la dernière mouture, plus courte que les précédentes.
D’emblée, les phrasés assez lents et sans aucun vibrato désarçonnent par une lisibilité éloquente mais trop extérieure. Les différents entrecroisements thématiques sont joués sur le même mode serein, s’évertuant à lisser les arêtes et les alternances caractéristiques entre emphase des cuivres et retour à des passages plus lyriques. Mais point de lyrisme ici, tant Nézet-Séguin évite tout pathos, sans attaques sèches. Un rien nébuleuse, cette optique bridée ne convainc guère au niveau de l’architecture globale propre à chaque mouvement. Seul le Finale apparaît plus éruptif en son début, avec quelques passages impressionnants dans la maîtrise des silences, sans éviter pour autant quelques baisses de tension. Un Bruckner beaucoup trop lisse pour réellement nous emporter le temps d’un concert.
Le début de la soirée avait été l’occasion de découvrir une transcription méconnue d’une œuvre de Bach par Leopold Stokowski – une manière pour Nézet-Séguin de rendre hommage à son prédécesseur à la tête de l’Orchestre de Philadelphie, à quelque cent ans d’intervalle. L’occasion aussi de faire l’étalage de son art de la respiration harmonieuse, aux transitions d’une souplesse irrésistible, en une vision assez lente là encore. On notera un équilibre particulièrement réussi entre les aigus et les graves, dans cette œuvre très courte de 5 minutes seulement. Avec les Rückert-Lieder, la vitalité du soutien orchestral impressionne tout du long, parfaitement rendu par un Orchestre Métropolitain aux graves de velours. Dorothea Röschmann se situe dans une optique similaire, se jouant aisément des difficultés de cette œuvre sombre, admirablement orchestrée au niveau des vents.
Comme pour les trois autres concerts entendus à Montréal en cette fin d’été, les applaudissements font place quasi immédiatement à une standing ovation – une automaticité un peu déroutante pour un Européen habitué à un public plus critique sur le vieux continent. Sont-ce les artistes ou lui-même (se félicitant de son choix de concert) que le public applaudit ainsi? Il faudrait sans doute davantage parler d’usages différents, nous rappelant qu’un vaste océan continue de nous séparer, jusque dans la manière de manifester un contentement.
Un Nézet-Séguin décidément passionné par la musique du maître de Saint-Florian, puisqu’il a également interprété cet été, au festival de la Renaudière puis à Salzbourg, la Messe en fa mineur (1868). Rien d’étonnant à cela tant de nombreuses citations font apparaître une parenté évidente entre cette messe et la Deuxième Symphonie (1872, révisée en 1876 et 1877), toutes deux contemporaines. Entre les différentes versions de cette symphonie dédiée à Liszt, Yannick Nézet-Séguin choisit la dernière mouture, plus courte que les précédentes.
D’emblée, les phrasés assez lents et sans aucun vibrato désarçonnent par une lisibilité éloquente mais trop extérieure. Les différents entrecroisements thématiques sont joués sur le même mode serein, s’évertuant à lisser les arêtes et les alternances caractéristiques entre emphase des cuivres et retour à des passages plus lyriques. Mais point de lyrisme ici, tant Nézet-Séguin évite tout pathos, sans attaques sèches. Un rien nébuleuse, cette optique bridée ne convainc guère au niveau de l’architecture globale propre à chaque mouvement. Seul le Finale apparaît plus éruptif en son début, avec quelques passages impressionnants dans la maîtrise des silences, sans éviter pour autant quelques baisses de tension. Un Bruckner beaucoup trop lisse pour réellement nous emporter le temps d’un concert.
Le début de la soirée avait été l’occasion de découvrir une transcription méconnue d’une œuvre de Bach par Leopold Stokowski – une manière pour Nézet-Séguin de rendre hommage à son prédécesseur à la tête de l’Orchestre de Philadelphie, à quelque cent ans d’intervalle. L’occasion aussi de faire l’étalage de son art de la respiration harmonieuse, aux transitions d’une souplesse irrésistible, en une vision assez lente là encore. On notera un équilibre particulièrement réussi entre les aigus et les graves, dans cette œuvre très courte de 5 minutes seulement. Avec les Rückert-Lieder, la vitalité du soutien orchestral impressionne tout du long, parfaitement rendu par un Orchestre Métropolitain aux graves de velours. Dorothea Röschmann se situe dans une optique similaire, se jouant aisément des difficultés de cette œuvre sombre, admirablement orchestrée au niveau des vents.
Comme pour les trois autres concerts entendus à Montréal en cette fin d’été, les applaudissements font place quasi immédiatement à une standing ovation – une automaticité un peu déroutante pour un Européen habitué à un public plus critique sur le vieux continent. Sont-ce les artistes ou lui-même (se félicitant de son choix de concert) que le public applaudit ainsi? Il faudrait sans doute davantage parler d’usages différents, nous rappelant qu’un vaste océan continue de nous séparer, jusque dans la manière de manifester un contentement.
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