Gautier Capuçon et David Zinman |
Malheureusement méconnu parmi les festivals de rentrée auxquels les
mélomanes sont bien habitués (Pontoise, Besançon, Ambronay...), le
festival de Laon parvient pourtant à réunir des formations symphoniques
de premier plan, que ce soit le Philharmonique de Radio France,
l’Orchestre national de Lille ou encore l’Orchestre français des jeunes –
sans parler des solistes qui les accompagnent. Cette vingt-huitième
édition bénéficie à nouveau de la résidence de François-Xavier Roth dans
le département de l’Aisne (principal soutien du festival), qui parvient
à impulser de nombreux projets pédagogiques avec les jeunes, de
l’Orchestre Demos à l’Orchestre Les Siècles. L’originalité du festival
tient aussi dans sa programmation, qui prend le risque de mettre en
avant des œuvres qui sortent des sentiers battus: ainsi du concert
mettant en miroir Beethoven et son contemporain Méhul à Laon le 29
septembre, avant celui consacré le 14 octobre à Stravinski, Bartók et
Boulez, dans l’écrin de la toute récente Cité de la musique et de la
danse de Soissons, à l’acoustique réputée. Les forces de Bruno Mantovani
et de l’Ensemble du Conservatoire de Paris se conjugueront pour faire
de ce concert l’un des événements à ne pas rater en début d’automne.
Consacré cette année aux «variations symphoniques», le festival frappe fort dès son concert inaugural avec les superbes Danses symphoniques de Rachmaninov, ultime chef-d’œuvre du compositeur russe. C’est précisément l’héritier spirituel de Tchaïkovski que l’on retrouve autour de sa Troisième Symphonie (1936), lors de la deuxième soirée donnée cette fois avec l’Orchestre français des jeunes. Plus rare au concert en comparaison de la Deuxième composée en 1907, cet ouvrage annonce la dernière manière du compositeur par sa volonté d’épurer son épanchement lyrique spectaculaire, sans pour autant céder aux sirènes de l’atonalité. Le premier mouvement est sans doute le plus intéressant, tant Rachmaninov foisonne d’idées qui se confrontent en une déstructuration savante parfaitement mise en valeur par le geste enflammé de David Zinman – 80 ans et toujours bon pied, bon œil au pupitre. Sa volonté d’exacerbation des contrastes fait merveille ici, bien aidée par l’engagement de son orchestre, à l’image des interprètes goguenards du pupitre de contrebasses qui cravachent les scansions comme autant de joutes triomphales. Un régal des yeux autant que des oreilles dans une acoustique sans trop de réverbération et finalement satisfaisante pour un édifice religieux.
Consacré cette année aux «variations symphoniques», le festival frappe fort dès son concert inaugural avec les superbes Danses symphoniques de Rachmaninov, ultime chef-d’œuvre du compositeur russe. C’est précisément l’héritier spirituel de Tchaïkovski que l’on retrouve autour de sa Troisième Symphonie (1936), lors de la deuxième soirée donnée cette fois avec l’Orchestre français des jeunes. Plus rare au concert en comparaison de la Deuxième composée en 1907, cet ouvrage annonce la dernière manière du compositeur par sa volonté d’épurer son épanchement lyrique spectaculaire, sans pour autant céder aux sirènes de l’atonalité. Le premier mouvement est sans doute le plus intéressant, tant Rachmaninov foisonne d’idées qui se confrontent en une déstructuration savante parfaitement mise en valeur par le geste enflammé de David Zinman – 80 ans et toujours bon pied, bon œil au pupitre. Sa volonté d’exacerbation des contrastes fait merveille ici, bien aidée par l’engagement de son orchestre, à l’image des interprètes goguenards du pupitre de contrebasses qui cravachent les scansions comme autant de joutes triomphales. Un régal des yeux autant que des oreilles dans une acoustique sans trop de réverbération et finalement satisfaisante pour un édifice religieux.
En première partie de concert, la Marche écossaise de Debussy avait résonné de son lyrisme aérien en une direction frémissante et revigorante. De cette œuvre de jeunesse courte et inégale, dont la version originale pour piano est contemporaine du Prélude à l’après-midi d’un faune, l’ancien élève de Pierre Monteux a choisi d’en prendre à bras le corps les mélodies insaisissables qui semblent fuir d’un pupitre à l’autre. A cette mise en bouche chargée de chauffer l’orchestre répond la poésie sensible et profonde de Dutilleux, dans l’une de ses œuvres les plus connues, son Concerto pour violoncelle Tout un monde lointain..., composé en 1970. L’œuvre au début intimiste apporte beaucoup de concentration et surprend ensuite par l’utilisation de l’ensemble des ressources de l’orchestre fourni, même si Zinman prend un soin particulier à ne pas couvrir son interprète, au premier plan. Gautier Capuçon n’en fait jamais trop et distille son élégance autour des atmosphères variées de Dutilleux, révélant la myriade de sonorités subtiles imaginées d’après Baudelaire, l’inspirateur de l’œuvre.
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