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John Adams |
Construit pendant la même période que l’érection du quartier de La
Part-Dieu, l’auditorium Maurice-Ravel de Lyon conserve l’allure
futuriste qui fit grand bruit à son inauguration en 1975, le rapprochant
par ses lignes minimalistes et son revêtement en béton brut, de
l’architecture brutaliste alors en vogue. Si l’imposante salle de 2100
places a ensuite été rénovée jusqu’en 2002, c’est surtout pour en
améliorer l’acoustique trop réverbérante du fait de sa forme en coquille
Saint-Jacques. A l’instar des salles équivalentes construites à la même
époque – l’auditorium de Radio France par exemple – cette forme
audacieuse n’a malheureusement jamais fait ses preuves.
Entonnées par le quatuor formé par des membres de l’Orchestre national de Lyon, les premières notes du Livre de prétendues danses de John de John Adams parviennent à défier l’immensité de la salle réduite pour l’occasion à l’orchestre et au premier balcon – le second balcon ayant été occulté par un rideau. En étant placé à l’orchestre, les couleurs des instruments s’épanouissent admirablement, même si les interprètes laissent entrevoir certains problèmes de justesse, au niveau des accélérations pour le premier violon ou dans l’aigu pour le violoncelle. En fin de compte, cette version expurgée des passages avec bande son enregistrée déçoit quelque peu par ces difficultés techniques mal maîtrisées, alors que cette œuvre exigeante reste surprenante tant Adams s’y montre éloigné du minimalisme.
Aucun problème technique en revanche pour les trois musiciens qui succèdent au quatuor afin d’interpréter les Contrastes, une œuvre de Béla Bartók qui alterne des passages tour à tour lyriques et narquois en contraste avec des tutti plus verticaux. Si la partition réserve au piano des interventions discrètes, on admirera les parties dédiées au son ample et généreux du clarinettiste Nans Moreau, bien épaulé par son partenaire au violon, à qui on pourra juste reprocher une absence de prise de risques.
Entonnées par le quatuor formé par des membres de l’Orchestre national de Lyon, les premières notes du Livre de prétendues danses de John de John Adams parviennent à défier l’immensité de la salle réduite pour l’occasion à l’orchestre et au premier balcon – le second balcon ayant été occulté par un rideau. En étant placé à l’orchestre, les couleurs des instruments s’épanouissent admirablement, même si les interprètes laissent entrevoir certains problèmes de justesse, au niveau des accélérations pour le premier violon ou dans l’aigu pour le violoncelle. En fin de compte, cette version expurgée des passages avec bande son enregistrée déçoit quelque peu par ces difficultés techniques mal maîtrisées, alors que cette œuvre exigeante reste surprenante tant Adams s’y montre éloigné du minimalisme.
Aucun problème technique en revanche pour les trois musiciens qui succèdent au quatuor afin d’interpréter les Contrastes, une œuvre de Béla Bartók qui alterne des passages tour à tour lyriques et narquois en contraste avec des tutti plus verticaux. Si la partition réserve au piano des interventions discrètes, on admirera les parties dédiées au son ample et généreux du clarinettiste Nans Moreau, bien épaulé par son partenaire au violon, à qui on pourra juste reprocher une absence de prise de risques.
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Nicolas Chalvin |
Le concert se poursuit avec l’arrivée de l’ensemble des pupitres de
cordes de l’Orchestre des pays de Savoie, tous réunis pour mettre en
valeur la musique de John Adams dont l’auditorium fête les 70 ans autour
de plusieurs concerts en présence du compositeur. Observer les
réactions de l’Américain assis parmi le public pendant les modulations
irradiantes et frémissantes de Shaker Loops est un plaisir en
soi, d’autant que le travail de Nicolas Chalvin à la tête de l’orchestre
se montre globalement satisfaisant. Si les cordes montrent quelques
faiblesses dans les accélérations, toute l’imbrication irrésistible des
timbres se déploie ici en un tempo mesuré évacuant tout dramatisme, au
service d’une expression tout en dentelle, faisant bien ressortir l’art
subtil des transitions chez Adams.
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Leonard Slatkin |
Si plusieurs rangs ont pu paraître clairsemés un peu plus tôt dans l’après-midi,
la salle de l’Auditorium affiche complet pour le concert de 18 heures
et son programme beaucoup plus accessible, dédié, en grande partie, à
John Adams. Pour autant, on ressent d’emblée une certaine déception face
au geste, certes d’une probité et d’une mise en place exemplaires de
Leonard Slatkin à la tête de l’Orchestre national de Lyon, mais peu
intéressé à faire ressortir le moindre point saillant de The Chairman Dances,
l’une des œuvres les plus populaires d’Adams. Tous les pupitres
semblent être mis sur le même plan au service d’une lecture linéaire et
sans surprise, sans qu’aucune mélodie particulière ne ressorte, sans
parvenir aussi à faire poindre ce sentiment d’excitation imprimé par les
scansions répétitives aux cordes.
Plus tard dans la soirée, le retour à Adams montre davantage les muscles avec l’emphatique et postmahlérien Harmonielehre, dont Simon Rattle a su exploiter toutes les ressources mélodiques et rythmiques dans un très beau disque (EMI, 1994). Slatkin déçoit encore ici avec une entame très appuyée dans les graves, minorant les scansions du premier mouvement en un maelstrom sonore davantage tourné vers le Stravinski du Sacre du printemps que Mahler, Holst ou... John Williams. On perd en poésie ce qu’on gagne en force brute, et ce d’autant plus que l’acoustique peu précise de l’Auditorium n’aide pas à faire ressortir les contrechants. Au II, Slatkin retrouve une certaine objectivité, au bénéfice d’un geste sombre privilégiant les graves, mais peu éthéré et aérien. Cette distance se fait plus encore sentir au début du III, trop statique et distant, en une volonté de fondu peu propice aux nuances. Seuls les tout derniers passages se montrent plus réussis par leur spectaculaire scansion maîtrisée, avant que ne retentissent les applaudissements d’un public visiblement conquis par cet ouvrage composé en 1985.
Plus tard dans la soirée, le retour à Adams montre davantage les muscles avec l’emphatique et postmahlérien Harmonielehre, dont Simon Rattle a su exploiter toutes les ressources mélodiques et rythmiques dans un très beau disque (EMI, 1994). Slatkin déçoit encore ici avec une entame très appuyée dans les graves, minorant les scansions du premier mouvement en un maelstrom sonore davantage tourné vers le Stravinski du Sacre du printemps que Mahler, Holst ou... John Williams. On perd en poésie ce qu’on gagne en force brute, et ce d’autant plus que l’acoustique peu précise de l’Auditorium n’aide pas à faire ressortir les contrechants. Au II, Slatkin retrouve une certaine objectivité, au bénéfice d’un geste sombre privilégiant les graves, mais peu éthéré et aérien. Cette distance se fait plus encore sentir au début du III, trop statique et distant, en une volonté de fondu peu propice aux nuances. Seuls les tout derniers passages se montrent plus réussis par leur spectaculaire scansion maîtrisée, avant que ne retentissent les applaudissements d’un public visiblement conquis par cet ouvrage composé en 1985.
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Hillary Hahn |
La satisfaction de la soirée vient de la lumineuse Hilary Hahn, toujours
aussi investie dans l’expression d’inflexions tour à tour colorées et
soyeuses, au service d’une pure beauté sonore. L’Américaine n’en oublie
pas cependant de montrer du caractère par endroit, bien aidée en cela
par l’accompagnement serein et discret de Slatkin, qui la met ainsi
particulièrement en avant. Cette optique fonctionne bien tant la
violoniste sait aisément relancer un discours parfois ralenti jusque
dans les moindres détails, laissant pantois les plus rétifs à ces
interprétations peu nerveuses. Elle recueille logiquement une ovation
nourrie à la fin de la représentation, interprétant en bis son
compositeur d’élection, Bach, tout comme la veille au Sucre.
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