samedi 27 mai 2017

Oeuvres de chambre de Kreisler, Zemlinsky et Schulhoff - Quatuor Artis de Vienne - Disque Nimbus Records



On ne présente plus le formidable Quatuor Artis, formation à la riche discographie quasi-systématiquement acclamée à chaque nouvelle parution. Si les Autrichiens embrassent tout le répertoire, ils gardent une appétence particulière pour les œuvres de la première moitié du XXe siècle – on citera par exemple les projets consacrés aux rares Egon Wellesz ou Karl Weigl. Ce disque est l’occasion pour eux de revenir à Alexander von Zemlinsky, après l’enregistrement des quatre quatuors pour Nimbus en 1999-2000. Les Artis s’intéressent cette fois au rare Quatuor en mi mineur de 1893, une œuvre de jeunesse rejetée par l’auteur lui-même et redécouverte en 1997, dont les mélodies fuyantes n’aident malheureusement pas à en faire l’un des chefs-d’œuvre de Zemlinsky. C’est sans doute ce qui explique pourquoi l’excellente intégrale récente du Quatuor Escher (Naxos, 2013-2014) a choisi de faire l’impasse sur ce quatuor de jeunesse.

On s’intéressera davantage au délicieux Quatuor en la mineur de Fritz Kreisler (1875-1962), aujourd’hui plus connu en tant que virtuose du violon que pour ses talents de compositeur. Si l’Autrichien se tourne vers le passé au moment de la composition de cette œuvre en 1921, il convainc néanmoins par ses thèmes narquois à l’humour évident, dont l’inspiration mélodique n’est pas pour rien dans l’impact immédiat du premier mouvement sur l’auditeur. Mais c’est peut-être plus encore le sautillant et entraînant Scherzo qui séduit par son ton piquant, il est vrai parfaitement mis en valeur par la verve pleine de caractère des Artis, jamais avares de couleurs dans l’expressivité, sans parler de leurs qualités de précision dans l’articulation.


On ne manquera pas également les Cinq pièces pour quatuor à cordes composées en 1923 par Ervín Schulhoff (1894-1942), qui reste connu pour avoir été victime des camps nazis suite à ses sympathies communistes. Dans ces pièces courtes au ton léger, on retrouve tout l’esprit aérien et subtil de ce compositeur qui ne manque pas de s’intéresser aux musiques de son temps, comme le jazz. Ici, c’est davantage avec les sonorités et le jeu sur les dissonances que le Tchèque s’amuse, en restant toujours aux limites de la tonalité. On pense bien sûr à Hindemith ou à Chostakovitch, particulièrement dans le superbe Finale empli de caractère. Assurément une œuvre qui mérite plus qu’une écoute polie!

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