Michael Spyres et Sophia Burgos |
Quel plaisir de retrouver John Eliot Gardiner qui, du haut de ses 76
ans, n’a rien perdu de son éclat et son énergie! Si le chef britannique
dirige désormais assis, il ne renonce en rien à sa lecture fouillée et
particulièrement articulée des moindres intentions de Berlioz, dont la
mise en valeur de l’énergie roborative dans les tutti trouve des effets
de contrastes superbes de couleurs dans les parties plus apaisées. Il
faut dire que Gardiner n’oublie jamais de distinguer les détails
savoureux de l’orchestration, en plaçant par exemple les quatre harpes
par deux de chaque côté en avant-scène, ou en demandant aux cuivres de
se lever à plusieurs reprises dans les parties spectaculaires. Gardiner
continue ainsi de fêter avec bonheur le cent cinquantième anniversaire
de la mort de Berlioz à travers le monde, après la Symphonie fantastique donnée notamment à Paris et New York l’an passé, puis gravée en DVD par Château de Versailles Spectacles. La présente production de Benvenuto Cellini
fera aussi l’objet d’un DVD, ainsi qu’une diffusion sur Mezzo, à ne pas
manquer si vous n’avez pas pu assister à l’un des concerts de la
tournée européenne.
Outre la direction enflammée de Gardiner, le concert bénéficie de la mise en espace astucieuse de Noa Naamat, qui se joue habilement de l’exiguïté du plateau versaillais en faisant souvent intervenir les personnages aux côtés du chœur en arrière-scène, rendant ainsi crédibles de nombreuses situations, telles que la scène de Carnaval. L’Israélienne multiplie les traits d’humour bienvenus autour d’une direction d’acteur savoureuse de malice, réussissant à caractériser finement chaque personnage, de la couardise maladroite de Fieramosca à l’indifférence blasée du Pape. Ce travail réussi confirme combien l’on peut faire beaucoup avec très peu de moyens, si tant est qu’on a des idées. Laurent Brunner a la bonne idée de présenter ce spectacle dans l’un des rares décors du XIXe siècle encore préservé de nos jours, récemment restauré, dans lequel Berlioz assura un concert à Versailles, à peu près en même temps que la création de Benvenuto Cellini.
L’ensemble des interprètes réunis montre un bon niveau homogène, duquel se distingue le toujours excellent Chœur Monteverdi, dont les interventions impressionnent par l’attention à la prosodie, au service du sens. On a là l’un des grands atouts de la soirée, tant la musique de Berlioz résonne d’une précision rythmique rarement atteinte, tandis que Michael Spyres (Cellini) fait valoir ses habituelles qualités de souplesse et d’intelligence des phrasés, même si l’on dénote un éclat moindre que jadis dans l’aigu, très limite dans son dernier air. Si Maurizio Muraro campe un solide Balducci, au timbre fatigué en phase avec son rôle, c’est plus encore Lionel Lhote qui surprend dans sa composition irrésistible de crétin flamboyant: à l’instar de Spyres, le baryton belge fait un sort à chaque mot, avec une détermination millimétrée, donnant à son Fieramosca une présence scénique très crédible. Composant un Pape cocasse dans l’esprit de celui imaginé par Nanni Moretti avec son film Habemus papam en 2011, Tareq Nazmi, par ailleurs impérial au niveau vocal, ne lui cède en rien dans l’incarnation. On espère le revoir très vite sur les planches, à l’instar du superlatif Ascanio d’Adèle Charvet, à l’émission souple et ronde.
Seule Sophia Burgos (Teresa) déçoit quelque peu en mettant beaucoup de temps à se chauffer au I, au détriment de la justesse, avant de se rattraper quelque peu ensuite. Sa technique peu sûre laisse toutefois craindre le pire pour la suite de sa carrière, tant le peu de souffle et l’émission serrée pourraient vite briser son élan. Cette infime réserve n’empêche heureusement pas la salle remplie à craquer de réserver un triomphe mérité à l’issue de la représentation, sous le regard paternel de Gardiner, visiblement ravi de tant d’enthousiasme.
Outre la direction enflammée de Gardiner, le concert bénéficie de la mise en espace astucieuse de Noa Naamat, qui se joue habilement de l’exiguïté du plateau versaillais en faisant souvent intervenir les personnages aux côtés du chœur en arrière-scène, rendant ainsi crédibles de nombreuses situations, telles que la scène de Carnaval. L’Israélienne multiplie les traits d’humour bienvenus autour d’une direction d’acteur savoureuse de malice, réussissant à caractériser finement chaque personnage, de la couardise maladroite de Fieramosca à l’indifférence blasée du Pape. Ce travail réussi confirme combien l’on peut faire beaucoup avec très peu de moyens, si tant est qu’on a des idées. Laurent Brunner a la bonne idée de présenter ce spectacle dans l’un des rares décors du XIXe siècle encore préservé de nos jours, récemment restauré, dans lequel Berlioz assura un concert à Versailles, à peu près en même temps que la création de Benvenuto Cellini.
L’ensemble des interprètes réunis montre un bon niveau homogène, duquel se distingue le toujours excellent Chœur Monteverdi, dont les interventions impressionnent par l’attention à la prosodie, au service du sens. On a là l’un des grands atouts de la soirée, tant la musique de Berlioz résonne d’une précision rythmique rarement atteinte, tandis que Michael Spyres (Cellini) fait valoir ses habituelles qualités de souplesse et d’intelligence des phrasés, même si l’on dénote un éclat moindre que jadis dans l’aigu, très limite dans son dernier air. Si Maurizio Muraro campe un solide Balducci, au timbre fatigué en phase avec son rôle, c’est plus encore Lionel Lhote qui surprend dans sa composition irrésistible de crétin flamboyant: à l’instar de Spyres, le baryton belge fait un sort à chaque mot, avec une détermination millimétrée, donnant à son Fieramosca une présence scénique très crédible. Composant un Pape cocasse dans l’esprit de celui imaginé par Nanni Moretti avec son film Habemus papam en 2011, Tareq Nazmi, par ailleurs impérial au niveau vocal, ne lui cède en rien dans l’incarnation. On espère le revoir très vite sur les planches, à l’instar du superlatif Ascanio d’Adèle Charvet, à l’émission souple et ronde.
Seule Sophia Burgos (Teresa) déçoit quelque peu en mettant beaucoup de temps à se chauffer au I, au détriment de la justesse, avant de se rattraper quelque peu ensuite. Sa technique peu sûre laisse toutefois craindre le pire pour la suite de sa carrière, tant le peu de souffle et l’émission serrée pourraient vite briser son élan. Cette infime réserve n’empêche heureusement pas la salle remplie à craquer de réserver un triomphe mérité à l’issue de la représentation, sous le regard paternel de Gardiner, visiblement ravi de tant d’enthousiasme.
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