Après le retrait du très attendu Eric Cutler dans le rôle-titre, l’Opéra
de Bordeaux a su trouver en Adam Smith un jeune ténor promis à un bel
avenir, du fait d’un timbre charmeur et de phrasés de belle tenue, mais
encore insuffisamment aguerri en termes de projection et de présence
pour tenir la comparaison face à l’excellent plateau vocal réuni pour
l’occasion. C’est là le grand point fort de cette production de rentrée,
qui donne l’occasion de revoir la rare Jessica Pratt en France: la
soprano australienne relève le défi d’interpréter les rôles féminins
principaux, dans un français irrésistible de vérité dramatique, le tout
en une maestria vocale digne des plus grandes. On pourra bien entendu
noter quelques imperfections dans les accélérations, où le velouté est
moindre, et plus encore dans les périlleux suraigus du rôle d’Olympia,
qui mettent à mal la justesse. Elle emporte toutefois l’adhésion par son
engagement et sa sincérité à toute épreuve. Chaleureusement applaudie
en fin de représentation, Aude Extrémo démontre une fois encore toute sa
classe vocale, entre précision technique et ivresse de
l’interprétation: ses couleurs chaudes et son émission opulente sont un
régal de chaque instant, le tout au service du sens. L’investissement
dramatique constitue la marque générale de cette production, qui ne
néglige aucun des seconds rôles, souvent savoureux, du livret. Ainsi de
l’impayable Marc Mauillon, aux phrasés millimétrés et radieux, très
naturel dans ses interventions comiques, ou du non moins génial
Christophe Mortagne, qui enrichit son rôle essentiellement parlé de sa
faconde habituelle. Nicolas Cavallier et Jérôme Varnier se distinguent
quant à eux dans l’articulation et la projection, sans jamais négliger
le théâtre. On aurait seulement aimé que la mise en scène distingue
leurs rôles respectifs afin de leur donner davantage de noirceur et
d’équivoque.
Le travail de Vincent Huguet se montre fidèle au livret, autour d’une scénographie élégante, un rien trop sage dans ses partis-pris visuels minimalistes. On a là une mise en scène sérieuse et respectueuse de l’ouvrage, dont la direction d’acteur se concentre sur les personnages principaux au détriment des chœurs, trop statiques. Aucun immobilisme dans la fosse, on s’en doute, tant Marc Minkowski enflamme cette musique qui n’a plus aucun secret pour lui. Ses vifs tempi mettent parfois à mal les chœurs, mais restent globalement l’un des motifs de satisfaction de cette soirée réussie, seulement gâchée lors du dernier ensemble : le réveil inopiné et bruyant de la soufflerie, tout comme l’illumination de la salle, trouveraient leur explication dans un incident technique. Coïncidence troublante quand on sait combien les relations entre Minkowski et ses équipes techniques demeurent houleuses. On espère vivement que le dialogue nécessaire saura s’installer entre eux, comme cela semble désormais être le cas avec les musiciens, afin de retrouver la sérénité indispensable au bon fonctionnement de l’institution.
Le travail de Vincent Huguet se montre fidèle au livret, autour d’une scénographie élégante, un rien trop sage dans ses partis-pris visuels minimalistes. On a là une mise en scène sérieuse et respectueuse de l’ouvrage, dont la direction d’acteur se concentre sur les personnages principaux au détriment des chœurs, trop statiques. Aucun immobilisme dans la fosse, on s’en doute, tant Marc Minkowski enflamme cette musique qui n’a plus aucun secret pour lui. Ses vifs tempi mettent parfois à mal les chœurs, mais restent globalement l’un des motifs de satisfaction de cette soirée réussie, seulement gâchée lors du dernier ensemble : le réveil inopiné et bruyant de la soufflerie, tout comme l’illumination de la salle, trouveraient leur explication dans un incident technique. Coïncidence troublante quand on sait combien les relations entre Minkowski et ses équipes techniques demeurent houleuses. On espère vivement que le dialogue nécessaire saura s’installer entre eux, comme cela semble désormais être le cas avec les musiciens, afin de retrouver la sérénité indispensable au bon fonctionnement de l’institution.
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