Créé en 2023 à l’Opéra national d’Helsinki, le ballet Un chant de Noël,
adapté de l’ouvrage éponyme de Dickens, fait son retour dans les mêmes
lieux pour cette fin d’année. Les plus curieux peuvent d’ores et déjà
découvrir ce beau spectacle sur Arte Concert,
avant une diffusion télévisée prévue le 26 décembre sur Arte. C’est là
une soirée parfaite pour les fêtes, tant la compositrice anglaise Sally
Beamish (née en 1956) s’est amusée à faire revivre l’esprit de Noël par
une inspiration musicale haute en couleur, sans jamais forcer le trait
du lyrisme attendu. Tour à tour lumineuse et scintillante, son
orchestration se nourrit des mille et un visages que propose le récit
d’apprentissage de Scrooge, en incorporant de multiples danses
populaires, savoureuses et variées. Pour autant, elle sait aussi donner
un visage plus moderne à son écriture, notamment lors des parties
sombres du récit, où la dissonance fait irruption.
Le cahier des charges de ce spectacle ayant manifestement fait le choix
de cibler le jeune public, très présent dans la salle, force est de
constater que les aspects dramatiques ont été minorés en conséquence, à
la fois au niveau visuel et pour le livret. Le chorégraphe David Bintley
(né en 1957), dont c’est là la deuxième collaboration avec Sally
Beamish après La Tempête en 2016, réduit la présence des esprits à
peau de chagrin, préférant centrer l’action sur la famille du
collaborateur Bob Cratchit et la miraculeuse guérison du fils chétif.
Bintley a la bonne idée de doter le jeune interprète d’une jambe de
bois, occasionnant une adorable danse d’entrée avec ses frères et sœurs,
entre pirouettes aussi maladroites que malicieuses. On aime aussi la
tendre illustration de la valse des souvenirs d’enfance de Scrooge, des Mille et une nuits à Robinson Crusoé, occasionnant quelques brèves musiques exotiques pour l’occasion.
La thématique de l’avarice de Scrooge est peu traitée tout au long du
spectacle, alors que ce personnage est aussi célèbre que l’Harpagon de
Molière dans les pays anglo‑saxons. Le nom américain de son descendant
direct, Picsou, donné par Walt Disney, n’est‑il pas « Uncle Scrooge » ?
Bintley et Beamish laissent volontairement de côté les aspects
moralisateurs du conte pour lui donner une touche plus légère. Dès lors,
l’évolution de Scrooge s’incarne dans l’intérêt et le regard portés aux
autres, en un esprit de célébration du bien‑vivre ensemble, propre à la
période de Noël. En cela, le but de ce spectacle est atteint, autour
d’une interprétation d’une belle homogénéité. On aime aussi la direction
lyrique d’Aku Sorensen (né en 1997), qui sait faire vivre chaque
épisode d’une narration tour à tour épique et joyeuse. Un spectacle très
plaisant, idéal pour profiter des fêtes de fin d’année en famille.
Parce que la culture se conjugue sous plusieurs formes, il sera sujet ici de cinéma, de littérature, de musique, de spectacles vivants, selon l'inconstante fantaisie de son auteur
lundi 9 décembre 2024
« A Christmas Carol » de Sally Beamish - David Bintley - Opéra d'Helsinki - 07/12/2024
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