Nicholas Collon |
La célébration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale se
poursuit à l’Auditorium de Lyon jusqu’à la fin de la saison, offrant au
public de nombreuses manifestations variées. Ainsi du présent concert,
qui constitue l’un des grands temps forts de la saison avec son
programme splendide (quatre œuvres et autant de chefs-d’œuvre) et
admirablement construit (les œuvres durent une vingtaine de minutes
chacune). C’est bien entendu le Concerto pour la main gauche de
Ravel qui émeut dans ce contexte, tant on se souvient que son
commanditaire, le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, perdit son bras
droit pendant le funeste conflit. Même si Wittgenstein eut du mal à
s’approprier le concerto de Ravel en son temps, c’est pourtant bien
celui qui reste aujourd’hui au répertoire, quand les autres ouvrages
composés pour lui, ceux de Britten, Hindemith, Korngold, Prokofiev ou
Strauss, restent moins fréquentés en comparaison.
A la tête d’un excellent Orchestre national de Lyon, le jeune Nicholas Collon (né en 1983) rate le tout début du concerto en refusant de fouiller les ambiances morbides pour privilégier une lecture d’une parfaite mise en place, aux textures allégées et sans vibrato. Bénéficiant du piano au toucher franc et lumineux de Jean-Efflam Bavouzet, cette optique tourne le concerto vers Liszt, alternant en contraste passages péremptoires et traînants. La dernière partie, plus jazzy et animée, permet à Collon de mettre en valeur la rythmique bondissante, tout en appuyant certains tutti. On note aussi un travail intéressant sur les oppositions piano/forte, bien différenciées. Les deux hommes s’entendent à merveille sur cette optique dépassionnée, avant de se retrouver pour un bis donné à quatre mains, la délicieuse «Laideronnette, impératrice des pagodes», extraite de Ma mère l’Oye (1910).
A la tête d’un excellent Orchestre national de Lyon, le jeune Nicholas Collon (né en 1983) rate le tout début du concerto en refusant de fouiller les ambiances morbides pour privilégier une lecture d’une parfaite mise en place, aux textures allégées et sans vibrato. Bénéficiant du piano au toucher franc et lumineux de Jean-Efflam Bavouzet, cette optique tourne le concerto vers Liszt, alternant en contraste passages péremptoires et traînants. La dernière partie, plus jazzy et animée, permet à Collon de mettre en valeur la rythmique bondissante, tout en appuyant certains tutti. On note aussi un travail intéressant sur les oppositions piano/forte, bien différenciées. Les deux hommes s’entendent à merveille sur cette optique dépassionnée, avant de se retrouver pour un bis donné à quatre mains, la délicieuse «Laideronnette, impératrice des pagodes», extraite de Ma mère l’Oye (1910).
Jean-Efflam Bavouzet |
En début de concert, Jean-Efflam Bavouzet s’était également illustré dans les Variations symphoniques
de Franck, en un toucher toujours précis et élégant, avec un Collon
s’en tenant à une lecture respectueuse de la partition, probe et
sereine. L’équilibre classique qui en résulte met en avant la mélodie
principale, évoquant Saint-Saëns sur la fin de l’œuvre. On soulignera
enfin la propension du chef britannique à mettre en valeur les reprises
virtuoses après des silences bien tenus, le tout en une élégance jamais
prise en défaut. Bon accompagnateur, il laisse cependant percevoir
quelques limites dans son interprétation du répertoire symphonique.
Ainsi de son optique probe dans la Septième Symphonie de
Sibelius, qui privilégie à nouveau la mélodie principale, sans
fioritures ou détails révélés. L’orchestre est superbe, mais n’ôte pas
un gout d’inachevé face à cette lecture trop impersonnelle.
La Suite de L’Oiseau de feu (1919) de Stravinski reste dans le même moule interprétatif qui fuit le narratif et le lyrique pour préférer une lecture débarrassée de toute aspérité. On gagne en musique pure ce que l’on perd en personnalité, ce qui dénie le souffle attendu en maints endroits, même si Collon se rattrape par des oppositions aériennes entre pupitres, en des tempi allants. Il est moins à l’aise dans les parties lentes, plus dénervées, tandis que le jeu sur la dynamique est moins présent. L’ennui pointe et la salle tousse. On est ensuite surpris de découvrir quelques passages empruntés à Rimski-Korsakov ou Moussorgski, avant que le finale n’alterne passages splendides (détails dans les pianissimi, cor solo superlatif) et raideurs volontiers teintées de noir et blanc. Un concert qui démontre, s’il en est encore besoin, le haut niveau de l’Orchestre national de Lyon, tout en laissant quelque peu dubitatif face à un chef par trop pudique.
La Suite de L’Oiseau de feu (1919) de Stravinski reste dans le même moule interprétatif qui fuit le narratif et le lyrique pour préférer une lecture débarrassée de toute aspérité. On gagne en musique pure ce que l’on perd en personnalité, ce qui dénie le souffle attendu en maints endroits, même si Collon se rattrape par des oppositions aériennes entre pupitres, en des tempi allants. Il est moins à l’aise dans les parties lentes, plus dénervées, tandis que le jeu sur la dynamique est moins présent. L’ennui pointe et la salle tousse. On est ensuite surpris de découvrir quelques passages empruntés à Rimski-Korsakov ou Moussorgski, avant que le finale n’alterne passages splendides (détails dans les pianissimi, cor solo superlatif) et raideurs volontiers teintées de noir et blanc. Un concert qui démontre, s’il en est encore besoin, le haut niveau de l’Orchestre national de Lyon, tout en laissant quelque peu dubitatif face à un chef par trop pudique.
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