En dehors de l’incontournable chef-d’œuvre lyrique de Smetana, La Fiancée vendue (1866), il est bien difficile de découvrir les autres ouvrages du maître tchèque en dehors de son pays natal. Après Les Deux Veuves (1874) présenté à Nantes en 2012, l’Opéra de Francfort a choisi cette année de nous faire découvrir Dalibor
dans sa version allemande: perçu comme patriotique à sa création en
1868, l’ouvrage fait l’éloge d’un chevalier qui se fait justice
lui-même, recevant l’assentiment populaire face à l’autorité judiciaire
et royale. Le royaume de Bohème est alors intégré à l’empire d’Autriche,
ce qui explique pourquoi il fait écho à la situation locale, tout en
restant de nos jours l’un des plus emblématiques de son auteur, célébré
dans son pays en tant que fondateur de l’opéra national. Si Dalibor
a d’abord été attaqué pour «wagnérisme», ce que l’on peut comprendre
tant certaines scènes s’étirent outre mesure en confinant l’action dans
un certain statisme, Smetana s’impose surtout pour son langage personnel
très développé au niveau symphonique: tout amateur de l’orchestre se
doit de découvrir cet ouvrage, qui fourmille tout au long de détails
savoureux.
Florentine Klepper, découverte ici-même en 2015 dans la superbe production de Julietta de Martinů, choisit de prendre à bras-le-corps l’écueil du statisme en transposant l’action dans une société contemporaine où les médias ont pris le pouvoir: le Roi devient dès lors le présentateur bling-bling et arrogant d’un jeu de téléréalité qui met en scène les péripéties de Dalibor, avant que le public présent ne vote pour le sauver ou non. L’action prend place dans les studios de télévision où se déroule le jeu cruel, permettant de découvrir les images des crimes grâce à la vidéo projetée au public. Autour d’une scénographie de toute beauté admirablement variée par les éclairages, Klepper réalise une critique pertinente de l’absurdité de ces émissions de voyeurisme à grand spectacle, à même d’animer l’ouvrage: on pourra seulement noter quelques gestes répétitifs dans la direction d’acteur, ce qui n’obère pas la bonne impression d’ensemble.
Florentine Klepper, découverte ici-même en 2015 dans la superbe production de Julietta de Martinů, choisit de prendre à bras-le-corps l’écueil du statisme en transposant l’action dans une société contemporaine où les médias ont pris le pouvoir: le Roi devient dès lors le présentateur bling-bling et arrogant d’un jeu de téléréalité qui met en scène les péripéties de Dalibor, avant que le public présent ne vote pour le sauver ou non. L’action prend place dans les studios de télévision où se déroule le jeu cruel, permettant de découvrir les images des crimes grâce à la vidéo projetée au public. Autour d’une scénographie de toute beauté admirablement variée par les éclairages, Klepper réalise une critique pertinente de l’absurdité de ces émissions de voyeurisme à grand spectacle, à même d’animer l’ouvrage: on pourra seulement noter quelques gestes répétitifs dans la direction d’acteur, ce qui n’obère pas la bonne impression d’ensemble.
Le rôle principal de l’ouvrage revient davantage à Milada qu’à Dalibor: omniprésente pendant la quasi-totalité de l’action, Izabela Matula s’impose dans son rôle d’amoureuse éperdue à force de graves langoureux, d’une souplesse d’émission idéale. Seul l’aigu montre parfois quelques légers problèmes de positionnement de voix, ce qui ne l’empêche pas de recueillir des applaudissements nourris en fin de représentation. A ses côtés, Ales Briscein (Dalibor) a pour lui l’aisance technique au service de phrasés nobles et éloquents. On regrettera seulement que sa voix ne possède pas davantage de couleurs. Tous les autres rôles sont parfaits, au premier rang desquels la lumineuse Jitka d’Angela Vallone, dont on notera toutefois quelques décalages avec la fosse, et plus encore l’impressionnant présentateur-Roi de Gordon Bintner, à l’émission ample et aérienne. Si la direction de Stefan Soltesz donne parfois trop de poids aux cordes, elle a au moins pour avantage de mettre en avant l’élan narratif de l’œuvre.
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