A l’instar de George le rêveur de Zemlinsky, présenté la veille, l’Opéra de Francfort s’offre en ce début d’année une autre création locale, avec Les Brigands
(1869) d’Offenbach (1819‑1880). De quoi se rappeler que le musicien né à
Cologne doit son patronyme à la petite ville proche de Francfort (à
peine 10 minutes du centre‑ville en train), qui la borde au sud‑est. La
musique d’Offenbach reste assez peu jouée outre‑Rhin, du fait de son
esthétique portée vers l’opéra‑comique français, entre textures
diaphanes, mélodies simples et piquantes, sans parler du refus de la
virtuosité vocale à l’italienne. En cela, Offenbach se montre un digne
héritier des Boieldieu, Auber et Adam, qui ont tous rencontré le succès
avant lui dans le même domaine léger.
Comme à son habitude, Francfort choisit d’adapter l’ouvrage dans sa
version allemande, afin de permettre à sa troupe d’éviter les pièges
d’une langue insuffisamment maîtrisée : le mélange de dialogues parlés
et de chant, propre à ce type d’ouvrages, nécessite en effet une diction
parfaite, à même de faire ressortir le crépitement des réparties
comiques. Le chef Karsten Januschke se montre très attentif à ce bijou
de précision rythmique qu’est Les Brigands, où le moindre détail
orchestral constitue un personnage à part entière. Sa direction
analytique fouille les moindres recoins de la partition sans jamais
oublier la relance du discours musical, faisant ressortir chaque nuance
en des tempi apaisés. Si ce geste manque parfois de naturel, il donne un
tapis de velours finalement très appréciable pour les interprètes,
jamais couvert par la fosse.
Moins réussie au niveau visuel que celle de son précédent spectacle (Martha de Flotow, vu ici même en décembre dernier), la mise en scène de Katharina Thoma souffre d’une direction d’acteur parfois maladroite s’agissant des déplacements du chœur. Il aurait sans doute fallu donner davantage d’espace aux interprètes, notamment dans l’exploration des volumes en hauteur. Quoi qu’il en soit, les péripéties dans l’auberge touche au but, rehaussées par la fantaisie des costumes, surtout les espagnolades volontairement kitsch, tandis que chorégraphies, très présentes tout du long, font souvent appel à des pas de madison pour styliser le chœur à l’unisson. Si la transposition contemporaine plutôt discrète n’apporte pas grand‑chose, elle a au moins pour avantage de rester fidèle au livret.
Une demi-réussite scénique pour cette entrée au répertoire, qui vaut avant tout pour l’énergie débridée de ses interprètes.
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