Kent Nagano |
L’Orchestre philharmonique d’Etat de Hambourg figure parmi les
orchestres principaux de la deuxième ville d’Allemagne, aux côtés de
celui de l’Elbphilharmonie (ex‑NDR) : sa mission principale consiste à
accompagner toute la saison des opéras et ballets, mais il donne aussi
plusieurs concerts avec Kent Nagano, son directeur musical depuis 2015.
Eugen Jochum et Wolfgang Sawallisch en furent jadis deux des directeurs
les plus emblématiques, insistant chacun sur la primauté du répertoire
romantique, dont Bruckner est l’un des éminents représentants tardifs.
Avec la célébration du bicentenaire de la naissance du compositeur, on
ne peut que se féliciter de retrouver des ouvrages rarissimes au
concert, comme ceux récemment entendus à Berlin et dans une moindre mesure la Cinquième Symphonie
(1878). Mal aimé, cet ouvrage au ton globalement sérieux fut pourtant
l’un des rares à ne pas être retravaillé durant plusieurs années,
Bruckner se sentant à juste titre très fier de son savant Finale. A lui
seul, ce dernier vaut tous les autres mouvements, tant le travail
contrapuntique impressionne par sa rigueur hypnotique, avant la longue
et majestueuse péroraison finale, parmi les plus réussies de son auteur.
A Hambourg, le chef américain Kent Nagano (né en 1951) aborde ce
dernier mouvement d’une traite, sans respiration : de quoi donner une
grande modernité à ce tour de force d’audace, avec des troupes chauffées
à blanc pour l’occasion.
Avant cette conclusion à la hauteur de l’événement, le concert avait été
malheureusement plus inégal, du fait de la volonté de Nagano d’éviter
tout pathos excessif. Si ce parti pris peut se défendre, on est moins
convaincu par les moyens employés pour y parvenir, notamment les
variations de tempo nombreuses entre verticalités sonores aux cuivres
prosaïques (la trompette surtout), en contraste avec les passages
apaisés, tout en sobriété. Nagano n’évite pas l’aspect séquentiel et
analytique de sa battue certes attentive, mais dont les attaques se
révèlent moins précises que celles d’Honeck la veille
la veille. On gagne en équilibre ce que l’on perd en électricité, en
une volonté de transparence toujours élégante dans la primauté donnée
aux cordes.
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