Après s’être illustré dans son pays autour de la plupart des grands
maîtres russes dès le début des années 2000, le metteur en scène Dmitri
Tcherniakov a peu à peu étendu son répertoire, tout d’abord à Verdi,
premier compositeur non russe abordé par le jeune prodige. Si l’Aida montée à Novossibirsk est restée assez confidentielle, c’est bien le Macbeth parisien de 2008 qui a lancé les débats autour des mises en scène controversées du prodige russe. Outre La Traviata accueillie à Milan à la fin de l’année dernière, Tcherniakov est revenu une fois encore à Verdi en 2012, cette fois-ci à Bruxelles, dans le rare Trouvère.
C’est cette production que le DVD offre de découvrir aujourd’hui dans une qualité optimale, donnant à se rapprocher plus encore des intentions initiales de cette mise en scène en forme de huis clos. Cadrages serrés et gros plans au plus près des visages permettent de bien saisir toutes les émotions transmises par les interprètes. Tout le parti pris de Tcherniakov consiste en effet à réunir l’ensemble des protagonistes, pendant la représentation entière, dans un appartement contemporain – aussi immense que vide. Un décor unique aux différentes possibilités spatiales, exploitées habilement, entre salle à manger en arrière-plan, corridor étroit sur le côté, ou fenêtres inaccessibles à l’étage.
Comme à la lecture d’un testament, les personnages tous réunis écoutent, lors de la première scène, le récit du capitaine de la garde. Dès lors, ils vont rejouer le drame, se prenant au jeu petit à petit pour parfois faire corps avec celui-ci, incarnant non plus maladroitement mais avec conviction les scènes dramatiques interprétées. La gitane Azucena devient une femme sûre d’elle et arrogante, fumant ostensiblement, tournant autour des personnages comme pour les jauger. Tcherniakov va plus loin encore dans sa transposition du livret original en faisant chanter le chœur en coulisses et en confiant certains rôles à l’un des personnages en présence. Dans cette optique, la confidente Inez est ici interprétée par Sylvie Brunet-Grupposo. Ce resserrement autour de cinq chanteurs, s’il pourra choquer le puriste, trouve son origine dans un livret manquant d’efficacité théâtrale, qui raconte bien davantage les événements qu’il ne les vit réellement au niveau de la scène.
Pour tenir un tel pari, le casting réuni par Tcherniakov se doit de comporter des interprètes aussi bons chanteurs que comédiens. Une gageure que relève haut la main Sylvie Brunet-Grupposo, féline et racée, intimidante et inquiétante dans ses regards noirs. Sa voix est au diapason, timbre opulent de velours, magnifiquement incarné dans les scènes dramatiques. Marina Poplavskaya impressionne tout autant dans son lourd rôle de Leonora, se jouant aisément des difficultés vocales, convaincante aussi dans son interprétation scénique. Excellent niveau côté masculin pour ce plateau vocal, véritable atout de cette production. Comme à son habitude, Marc Minkowski apporte toute sa fougue et son enthousiasme pour faire vivre le drame sur scène, celui d’un conflit bourgeois qui se termine en fait divers. Assurément l’une des productions marquantes du décidément imprévisible Dmitri Tcherniakov.
C’est cette production que le DVD offre de découvrir aujourd’hui dans une qualité optimale, donnant à se rapprocher plus encore des intentions initiales de cette mise en scène en forme de huis clos. Cadrages serrés et gros plans au plus près des visages permettent de bien saisir toutes les émotions transmises par les interprètes. Tout le parti pris de Tcherniakov consiste en effet à réunir l’ensemble des protagonistes, pendant la représentation entière, dans un appartement contemporain – aussi immense que vide. Un décor unique aux différentes possibilités spatiales, exploitées habilement, entre salle à manger en arrière-plan, corridor étroit sur le côté, ou fenêtres inaccessibles à l’étage.
Comme à la lecture d’un testament, les personnages tous réunis écoutent, lors de la première scène, le récit du capitaine de la garde. Dès lors, ils vont rejouer le drame, se prenant au jeu petit à petit pour parfois faire corps avec celui-ci, incarnant non plus maladroitement mais avec conviction les scènes dramatiques interprétées. La gitane Azucena devient une femme sûre d’elle et arrogante, fumant ostensiblement, tournant autour des personnages comme pour les jauger. Tcherniakov va plus loin encore dans sa transposition du livret original en faisant chanter le chœur en coulisses et en confiant certains rôles à l’un des personnages en présence. Dans cette optique, la confidente Inez est ici interprétée par Sylvie Brunet-Grupposo. Ce resserrement autour de cinq chanteurs, s’il pourra choquer le puriste, trouve son origine dans un livret manquant d’efficacité théâtrale, qui raconte bien davantage les événements qu’il ne les vit réellement au niveau de la scène.
Pour tenir un tel pari, le casting réuni par Tcherniakov se doit de comporter des interprètes aussi bons chanteurs que comédiens. Une gageure que relève haut la main Sylvie Brunet-Grupposo, féline et racée, intimidante et inquiétante dans ses regards noirs. Sa voix est au diapason, timbre opulent de velours, magnifiquement incarné dans les scènes dramatiques. Marina Poplavskaya impressionne tout autant dans son lourd rôle de Leonora, se jouant aisément des difficultés vocales, convaincante aussi dans son interprétation scénique. Excellent niveau côté masculin pour ce plateau vocal, véritable atout de cette production. Comme à son habitude, Marc Minkowski apporte toute sa fougue et son enthousiasme pour faire vivre le drame sur scène, celui d’un conflit bourgeois qui se termine en fait divers. Assurément l’une des productions marquantes du décidément imprévisible Dmitri Tcherniakov.
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