lundi 12 janvier 2015

Oeuvres de Haydn et Hummel - Trio Chausson - Disque Carus



C’est à passionnant programme que nous convie le Trio Chausson, qui se tourne enfin vers le XVIIIe siècle après avoir consacré ses quatre premiers disques (tous chez Mirare) à des compositeurs français contemporains d’Ernest Chausson, tout en s’intéressant par ailleurs aux figures bien connues de Schubert, Chopin et Liszt. Le trio formé en 2001 se tourne vers l’un des maîtres de la musique de chambre en la personne de Joseph Haydn, figure du classicisme viennois qui aura traversé tout le siècle pour embrasser le baroque finissant avant d’aborder le préromantisme dans ses deux derniers oratorios. Ses trios, moins souvent joués que ses quatuors, comportent de nombreuses merveilles que le programme ici élaboré nous permet d’appréhender pleinement.

Le Trio Chausson s’intéresse en effet à trois périodes bien distinctes de la carrière de Haydn, celle de l’arrivée en 1761 à Esterháza, concomitante des trois premiers chefs-d’œuvre symphoniques (Symphonies «Le Matin», «Le Midi» et «Le Soir»), suivie des dernières années dans cette grande famille princière, avant l’indépendance – dernière période féconde de la maturité. Trois œuvres issues de chacune de ces périodes, auxquelles s’ajoute un trio de son élève Hummel, composé en 1799 – année où La Création est donnée pour la première fois au Burgtheater de Vienne.


Si le court Cinquième Trio (1760-1765) se tourne encore vers le baroque avec son rôle mineur pour le violoncelle, c’est bien la mélodie principale du piano qui marque constamment – le violon se contentant d’ornements. Le tempo mesuré, le souci d’équilibre et les arêtes peu tranchées du Trio Chausson donnent une atmosphère résolument sérieuse. Si Haydn trouve davantage d’ampleur avec le Vingt-cinquième Trio (1788 ou 1789), on aimerait davantage de folie dans le jeu interprétatif, et ce pour faire ressortir toute la rythmique chaleureuse du maître viennois. C’est finalement dans le Quarante-troisième Trio (1797), chef-d’œuvre du genre, que les Chausson se montrent le plus à leur aise, même si le violoncelle apparaît trop en retrait.


Avec le Deuxième Trio (1799) de Hummel, on retrouve tout le talent du successeur de Haydn à Esterháza, charmant et mélodieux mais parfois trop décoratif. La rythmique semble plus convenue, tandis que les Chausson restent dans leur optique gracieuse, peu démonstrative. On espère que ces interprètes sauront donner davantage de caractère à leur prochain opus discographique.

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